Programme chargé pour les dixièmes « rencontres internationales de micro-éditions, fanzines, multiples », à Bordeaux du 4 au 9 juillet 2023 : www. zinefest.fr

Je n’ai pas pu tout voir, mais j’ai aimé une grande partie de ce que j’ai vu et j’ai été ravi de pouvoir discuter avec autant de monde.

CINE DEBAT

Avec Laure Bessi, on a présenté notre documentaire Fanzinat au cinéma Utopia. Je pensais qu’on avait commencé à épuiser le public bordelais, mais non : visiblement il y a encore des gens motivés à acheter un billet (tarif unique 5 €) pour aller voir le film en salle. Ça fait plaisir.

Lors des traditionnels échanges dans la foulée de la projection, un jeune homme habitué des salons (type Zinefest) a posé une intéressante question concernant la présence massive de « goodies » et objets dérivés en vente sur les stands. De fait, ce ne sont pas les zines ou même les autres types d’ouvrages autoédités qui sembleraient vendre le plus, mais tout ce qui est posters, cartes postales, ou, plus accessible encore : badges, pin’s, écussons, autocollants, etc. Il y a eu un moment d’interrogation et la parole a tourné autour de ce thème : ce phénomène est-il nouveau ? Est-il regrettable ? Est-on encore dans l’esprit et la démarche du fanzinat ou bien s’agit-il d’une dérive mercantiliste ?

N’acheter que les goodies (et les arborer) peut être une façon d’acquérir la « crédibilité indé » (voire underground) de la culture zine, sans faire l’effort d’acheter et lire l’oeuvre imprimée, alors que les goodies ont commencé à être présents plutôt pour récompenser l’acheteur, comme une sorte de bonus.

J’ai cru me rappeler que ces goodies ne sont pas une nouveauté en soi. On pouvait en trouver dans les fanzines des années 80 et 90, mais plus en accompagnement (badges, autocollants, petits objets gaguesques..), bon nombre d’auteurs ayant été influencés par la culture rock (merchandising) ou le marketing de leur génération : cadeaux Bonux présents dans la lessive, par exemple, ou, bien sûr, les gadgets de l’hebdomadaire Pif.


DISPOSITIF

Pour sa partie salon, le Zinefest est classiquement organisé en enfilade de stands, avec les vendeurs d’un côté (artistes, collectifs, maisons d’édition…) et les acheteurs d’un autre, qui déambulent. Cet aspect marchand est ici renforcé par le cadre : littéralement un marché (le Marché des Douves), de splendides halles du 19è siècle réhabilitée en maison des associations.

Il peut y avoir de la timidité, voire de la maladresse sociale, de part et d’autre. Des « vendeurs » qui ne savent pas toujours comment se positionner : parfois trop désinvoltes, voire absents, parfois sautant un peu trop promptement sur le curieux… Des « acheteurs potentiels » qui ne savent pas trop s’ils ont le droit de tripoter, ou qui n’osent pas feuilleter, ou qui culpabilisent de ne rien acheter, ou qui n’osent pas demander le tarif des articles non étiquetés de peur de passer pour des radins s’ils renoncent à l’achat, etc.

Bien sûr, certains stands sont tenus par des personnes très cool et astucieuses et tout roule, mais c’est intéressant de réfléchir à des formules qui permettent de briser la glace, voire de briser la mise en scène purement marchande.

Pol-Edouard, par exemple, invitait les curieux à jouer en direct à son « zine dont vous êtes le héros » Les Catacombes, et si l’aventure était résolue, le zine pouvait être empoché gracieusement !

En discutant avec le sérigraphe Tof, il m’a rappelé ses expériences de sérigraphie en direct, utiles pour faire comprendre la technique au grand public.

A Rennes, aux rencontres du fanzinat du Jardin Moderne, il y avait une petite scène avec un canap sur laquelle étaient interviewés tous les exposants, cela permettait de les découvrir puis d’avoir tel ou tel point d’accroche pour engager ensuite la conversation à leur stand.

Pour La Fanzinothèque (à Poitiers ou lors du off du festival d’Angoulême) , le régisseur Gilou avait coutume d’organiser une espèce de « librairie commune » (ou « Kioskazine ») chapeautée par l’organisateur et autogérée par les participants.

Tout ça pour dire qu’il y a des pistes, et des idées à tester.


GRAND KORG MALADE

J’ai apprécié Tony Geranno (« chanson foutue ») en concert dans la rue en after. Roland VT-3 et chants en français (incantations mortuaires, salutations aux suicidés, hurlements et poésie). Cela m’a fait penser à la musique que jouaient des artistes comme Adamczyk Psychologue ou RWA à Bordeaux dans les 90’s (les machines électroniques jouant aujourd’hui ce qui aurait été joué à l’époque par une contrebasse et une guitare électrique frottée à un pied de biche).


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