Le duo d’artistes visuels et de sérigraphes réunis sous le sobriquet Arrache-toi un œil (avec l’aide de leur armée secrète de supplétifs) ont réussi leur pari : un week-end de concerts en banlieue sud de Paris, dans le Val-de-Marne, samedi 9 et dimanche 10 septembre 2023, avec une très bonne ambiance propice aux rencontres et aux retrouvailles, une régie générale fluide et efficace et une grande variété dans les styles programmés, ce qui est toujours appréciable pour ouvrir son esprit. Comme le dit la militante Valérie Pécresse : « Non aux ghettos ! »
PASS
Deux journées = 40 € en prévente, ça va.
VARIETE
Dans la mesure où la palette musicale était carrément large, chacun a pu picorer son plaisir de-ci de-là à sa guise, sur une grande scène, dans le recoin aux airs de sound system un peu planqué après les toilettes sèches ou sous une tente de cabaret avec parquet de bal ayant la particularité de simuler la température moyenne enregistrée en journée sous le auvant métallique de la station service Chevron de la localité de Furnace Creek dans la Vallée de la Mort.
HERBE TENDRE
Je confesse que je m’attendais à un site plus verdoyant. Plus champêtre, disons. Genre guinguette, avec des mecs en canotiers, des lilas en branche, des bouteilles de blanc trempées dans la Seine au bout de cannes à pêche. Mais ce fut gravier sous le soleil de plomb d’une ultime canicule. Le festival a eu lieu au Kilowatt, sur ce qui fut le site du centre thermique de Vitry-sur-Seine. En gros, une usine où l’on brûlait du charbon pour fabriquer de l’électricité dans le fameux monde d’avant. Et juste à côté d’une nouvelle centrale où l’on brûle du fuel pour fabriquer de l’électricité, quand la prod atomique a un petit coup de mou dans le monde de maintenant.
COUAC COUAC (QUAND EST-CE QU’ON MANGE ?)
On a déjà dû leur faire remonter la remarque environ 467 fois mais oui : la sous-traitance de la bouffe, c’était pas une réussite. Queue interminable pour manger et offre chère et pas du tout à la hauteur de la qualité et de l’état d’esprit de l’événement. Ça faisait longtemps qu’en festival, comme plat végétarien, on ne s’était pas vu proposer, en tout et pour tout : une petite portion (à 5 € quand même) de « frites vegan ». Allez, c’est dit, on va pas faire les difficiles mais on fait un Post It pour le débrief.
PALMARES
J’ai pris mon plaisir maximum avec :
1 – La Jungle (de Mons, en Belgique), le duo parfait : énergie, talent, capacité hallucinante à transcender les styles et à unifier les publics dans la danse
2 – Whores (d’Atlanta en Géorgie, une sorte de version en plus cradingue et brut de décoffrage de réfs comme Helmet, Unsane, ou The Melvins, ouch)
3 – Year Of No Light (Bordeaux), qui ont joué en plein jour, sous la boule de feu que Dieu a mise dans le ciel pour nous punir, et qui ont eu le pouvoir de faire défiler les perspectives dystopiques de nos vies au ralenti devant nos yeux larmoyants et traumatisés. Vitry-fication totale !
4 – Unlogistic (Très Grand Paris, venus remplacer quasiment au dernier moment un groupe qui s’était décommandé, et qui ont fait un fort bon show, invitant au boycott des jeux olympiques en pleine coupe du monde de rugby – disons que eux-aussi ils s’entraînent)
5 – Youth Avoiders (punk hardcore, Paris, que l’on voyait tout le temps et que l’on voit moins maintenant).

Bonus : Le groupe Sordide (black metal, Rouen) a joué exclusivement des reprises de Nirvana, façon cover band, fidèle aux V.O., en axant sur les morceaux lourds et gras du répertoire. Gros succès. Comme quoi.
MAIS ATTENTION
Il a été tout aussi possible de s’extasier devant la transe de France (nos régions ont du talent, et à mon avis ils auraient tout défoncé au Stade de France s’ils avaient été programmés à la place des mièvreries sépia de Jean Dujardin), des percussions vaudou, les morceaux inédits de Frustration ou encore des musicien.ne.s qui portaient un petit bonnet assez à la mode malgré le thermomètre affichant plus de 100 degrés Fahrenheit. L’affiche est là, voilà, vous comprennez mieux à présent :

NB : pour plus de couverture médiatique, vous pouvez aussi consulter le compte-rendu du collègue de Positive Rage, et voir les photos de The Heavy Chronicles.
ET DONC
C’était cool de venir. On salue l’initiative. On a bien fureté dans les stands. J’ai acheté toutes les cassettes que La Jungle avait à vendre (à un prix variable de 7,5 € à 10 € l’unité selon que l’on s’adresse au batteur ou au guitariste, d’ailleurs : choisis ton technico-commercial). On a mangé de délicieuses frites surgelées vegan. J’espère que le bilan financier permettra aux organisateurs de repartir sur une prochaine édition nickel dans deux ans (Frisson Acidulé est une biennale, si je ne me trompe pas), quand Valérie Pécresse aura fini de creuser tous ses tunnels et de planter tous les arbres le long des pistes cyclables.
Texte et photos (La Jungle et Youth Avoiders) à l’iPhone posé en équilibre sur le gobelet de bière : Guillaume Gwardeath, envoyé spécial à Vitry-sur-Seine.
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