Dans le cadre d’une de ses soirées d’anniversaire (20 ans d’âge, faites péter le jurançon), le label atlantico-pyrénéen A Tant Rêver Du Roi a invité l’excellent duo belge La Jungle à se produire à Biarritz. Rendez-vous : salle L’Atabal le vendredi 15 décembre 2023. Ce week-end se poursuivra par des concerts à Bordeaux puis Poitiers.
J’ai profité de cette actu pour proposer un article au journal culturel régional Junkpage (publication programmée pour le numéro de décembre).
Dans l’immédiat, voici la retranscription brut de décoffrage du petit entretien que Roxie, le batteur de La Jungle, a eu l’amabilité de m’accorder :
Quelle est la nature du lien entre La Jungle et le label A Tant Rêver Du Roi ?
On a toujours bossé avec plusieurs labels – dès notre premier album, qui est celui où on en compte le plus ! Quand tu débutais (en tout cas il y a 10 ou 15 ans, car j’ai l’impression que les moeurs ont un peu changé), tu collaborais avec plusieurs labels, y compris sur un même territoire, et chacun faisait sa petite promo, ce qui était utile pour vendre les disques et trouver des concerts. On a commencé à pas mal tourner en France à partir de 2016, dans des bars, des squats et des petits lieux… alors ça nous a paru naturel d’y bosser avec un label. On a donc sorti quatre albums avec Stéphane d’ATRDR avec qui on était en contact… Cela nous a apporté un appui en termes de promo, de visibilité et de distribution. C’est un peu comme notre copain/voisin en France. C’est important car la France représente une majeure partie de nos tournées. C’est un pays qui est grand, et que l’on trouve beau. Il n’est pas rare qu’on s’arrête entre deux concerts pour aller plonger dans une rivière ou profiter d’un restaurant. Clairement, on adore jouer et on peut même dire qu’on a une addiction à ça, mais on ne vient pas en France que pour la musique !
A part la Belgique et, donc, la France, dans quels autres pays jouez-vous ?
Cette année, on a pas mal joué en Allemagne et aux Pays-Bas, et là, on revient juste de Ténérife. On a d’autres destinations un peu lointaines de prévues pour l’année prochaine : les Açores au mois de mars et le Québec au mois de juillet.
Fonctionnez-vous avec un système de contrats exclusifs, du genre : vous signez avec un label déterminé dans chaque pays ?
Mis à part ceux de nos tourneurs quand ils confirment un concert auprès d’un organisateur, nous, on n’a jamais de contrats ! Pour nos disques, pas de contrat de licence, pas de contrat de distribution. Ce n’est pas un truc qui nous semble adapté à ce que l’on fait. Nos disques ne sont pas vraiment distribués, à tort ou à raison. On paye tout nous mêmes. On est en très grande autonomie.
On peut constater que vous avez beaucoup de sorties, avec toujours un attachement au vinyle.
Nos productions sont assez denses. On a notre propre petit label, qui s’appelle Hyper Jungle, avec déjà une dizaine de sorties… et on planche sur la suite. Le vinyle, on y est attaché, oui, mais on pourrait s’en passer. Écologiquement, c’est pas dingue. Ça coûte un bras. C’est un tas d’emmerdes. Mais en même temps c’est tellement chouette d’avoir ça en main.
Vous sortez aussi des cassettes : est-ce un plan B pour proposer des supports financièrement plus abordables que les vinyles ?
Complètement. Pas plus tard qu’hier, j’ai acheté deux mixtapes de hip hop au merch d’un groupe que je suis allé voir. J’ai payé ça 5 euros pièce, sans savoir ce qu’il y a dessus, et je vais écouter ça cet après-midi. Est-ce que tu peux encore faire ça avec du vinyle ? Ça devient compliqué à 25 balles le disque ! Ça devient même du vrai foutage de gueule au niveau de la distribution où on te fait croire que le vinyle doit impérativement coûter 35 euros, à cause de crise, à cause de la guerre, etc. Je n’y crois pas une seule seconde. Avec La Jungle, on est capables de vendre tous nos albums à 20 euros pièce, quitte à réduire nos marges. La cassette est une possibilité pour les gens d’avoir un support bon marché, dans l’amour de l’objet et du format. Le son est pourri sur une cassette, car c’est une putain de bande… mais ça reste un objet pratique. Je trouve plus facile de mettre une cassette dans son deck qu’un vinyle sur sa platine ! En tout cas, je pense qu’il est bon de conserver des supports et de ne pas aller au “tout streaming”. Notre table de merch est toujours très fournie. C’est une façon d’entretenir des liens avec l’artisanat. Garder un rapport physique aux choses, c’est important.

Es-tu content de revenir à Biarritz avec La Jungle ?
J’ai un super souvenir de notre premier concert dans le cadre du festival Wheels And Waves en 2019, organisé par Musique d’Apéritif dans un bar à burgers. C’était hyper intense. On y est retourné il y a deux ans pour jouer avec les Oh Sees à L’Atabal, un groupe dont je suis fan au point de tout avoir d’eux chez moi. Sans même parler des concerts dans les environs !
Oui, par exemple à Angresse dans les Landes, où je vous ai vus cet été. Ce qui me permet de poser la question de votre rapport au public, car j’ai le souvenir de quelques tensions et d’une intervention plutôt sèche de ta part en raison de l’attitude de certains…
Ah oui, mais je crois que nous sommes dans une époque où maintenant l’on peut réagir pour ça ! Je pense que la masculinité toxique dans les premiers rangs n’a pas sa place dans les concerts de La Jungle. Je me suis permis de remettre quelqu’un à sa place parce que des gros mâles qui jouent aux coqs devant deux ou trois meufs qui veulent juste profiter du concert, c’est problématique. La Jungle n’est pas un combat de coqs, c’est juste un bon moment à passer !
Toutes les personnes progressistes sont de toute évidence d’accord avec toi ! De manière plus générale, comment gérez-vous l’enthousiasme, la transe voire le chaos que vous générez ?
Le rapport au public est juste humain, et fun. Si les gens se mettent à toucher aux cymbales, ça fait partie du jeu, tant que l’intention est cool. Les situations les plus incontrôlables pour moi qui joue assis, c’est quand on joue par terre devant énormément de monde vraiment à donf. Je me suis déjà pris une vague de gens dans le dos et je suis tombé sur ma propre batterie. Bon, la seule conséquence c’est que le morceau a été bien pourri. Disons qu’il existe d’autres conditions pour bien jouer les morceaux : sur une scène avec une sono de ouf, comme en festival. Là, c’est le moment de faire un concert beaucoup plus propre. C’est ça qui est bien avec La Jungle, c’est qu’il y a plusieurs formats.
En concert :
Vendredi 15 décembre 2023
A Biarritz (64), à L’Atabal, avec Lisabö + Nasty Joe
Samedi 16 décembre 2023
A Bordeaux (33), aux Vivres de l’Art + Modern Men
Dimanche 17 décembre 2023
A Poitiers (86), La Cervoiserie
Autres concerts (Le Mans, Creil, Cherbourg…) annoncés sur lajungleband.com/gigs
Plus de musique de La Jungle:
lajungle.bandcamp.com
Crédits photos :
Romuald Strzelczyk (avec la boule disco) et Lotte Brouwers (ambiance bikers).
[EDIT] SUPPLEMENTS :
• L’article mis en ligne sur le site web de Junkpage le 13 décembre 2023
• PDF de l’article paru dans le journal Junkpage n° 107 (décembre 2023)




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