Ne pas jeter les Dead Kennedys avec l’eau des Bains-Douches

J’ai eu l’incroyable malchance d’assister à un concert des Dead Kennedys
– Philippe Manoeuvre, Rock&Folk n°167 (décembre 1980)


Si Frank Frejnik a intitulé son fanzine “Slow Death”, c’est sans doute pour prévenir que s’il allait bien parler de choses mortes (des vieux groupes de punk, par exemple, ou des présidents assassinés) il le ferait avec son propre sens du tempo. Le fait est que le n°8 du fanzine Slow Death vient de paraître… 9 ans après le dernier numéro en date.

Présentation par Frank sur les réseaux : “c’est un numéro spécial, on appelle ça un hors série dans la presse, puisque ça ne parle que du concert de Dead Kennedys aux Bains Douches dans les années 80. Concert auquel je n’ai pas assisté mais qui, lorsque j’étais jeune Stéphanois, m’a longtemps intrigué, voire obsédé. Ces 44 pages sont une enquête pour déconstruire la rumeur qui était parvenue jusqu’à moi à l’époque. En dire plus serait spoiler.”

Nous tâcherons donc de ne pas (trop) spoiler, et vous recommandons surtout de vous précipiter sur ce Dead Kennedys Aux Bains Douches, plongée dans la perception du punk en France au tout début des années 80 (Jacques Chirac en était aux débuts de sa carrière de maire de Paris, François Mitterrand n’avait pas encore été élu président) et dans la fidélité à ses fixettes fondatrices. “Durant l’adolescence, écrit FF, on chérit rapidement les choses qu’on apprécie, surtout lorsqu’elles paraissent aussi marginales et venimeuses”.

L’enquête qu’il mène tourne autour d’une anecdote précise concernant le passage de Jello Biafra et son groupe à Paris, « dans le lieu préféré du show-biz de le Capitale » : “l’anecdote qui m’a le plus marqué au point de me hanter pendant des décennies”.

Au fur et à mesure que le récit avance, Frank partage indices et pièces à conviction : quelques phrases d’un bouquin qui traînait sur une étagère au boulot, scans illustrant des entrées de blogs, extraits d’articles parus dans Le Monde, Best ou New Wave, bonus vidéo de réédition CD, photos d’expositions postées sur Instagram et divers fruits de nombreuses alertes Google…

Au-delà du fond (bien bonnard), ce fanzine illustre “comment une vague interrogation du passé devient une obsession trente piges plus tard” et, en qualité de “tentative de déconstruire” rumeur et mythe, témoigne de comment se construisent et se répondent mémoire collective et mémoire individuelle. Avec une passion et un enthousiasme jamais douchés.


Chronique : Guillaume Gwardeath
Photographie de couverture : Michel Barbieux

Fanzine + CD bootleg 14 titres : disponible par correspondance sur le site de Slow Death et dans les boutiques spécialisées : à Paris (Parallèles, Le Rideau de Fer, Born Bad), Lyon (Dangerhouse), Limoges (Undersounds), Poitiers (Transat), etc.

La serpette d’électricien, l’accessoire utile pour “rentrer gratos en taxant les places” aux concerts des Bains-Douches en 1980



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