Un nouvel album des Burning Heads sort ce mois d’avril 2024, intitulé Embers Of Protest. Est-il bon ? A l’aise, braise !
Le feu y crépite du début à la fin, avec une obsession pour les flammes du premier morceau « Pyromaniac » jusqu’à l’ultime brûlot « Keep The Fire Burning » !
De « Always Hate Goodbyes » à « Survival Instinct », de « Storm In My Throat » à « Catch My Fall », le disque est une inflammation de tubes – trop nombreux pour être cités – avec une remarquable couleur générale power pop punk. Le hardcore n’est pas en reste : un morceau comme « Red » aurait pu se trouver sur un des tout premiers albums ou 45 tours. Et on retrouve même un irrésistible reggae dub, signature de leurs productions les plus équilibrées.
Décidément, quand les Burning Heads prennent le temps de souffler, c’est pour le faire sur les braises !
Vous pouvez précommander « Embers Of Protest » (avec ou sans T-shirt) sur le site du label Kicking … ou passer chez votre disquaire à partir du 19 avril 2024 (distribution [Integral]).

J’ai passé un coup de fil rapido à Fra (chant), JBe (basse) et Thomas (batterie) pour en savoir plus :
Ça y est, c’est le retour au rythme d’un album tous les deux ans ? Vous vous êtes mis la pression ?
Fra : Ben ouais, carrément. Sachant que le calendrier a été un peu déterminé par les contraintes de disponibilité du studio Swan Sound, en Normandie. Il faut compter 8 mois d’attente avant d’avoir un créneau. Et quand on est rentrés en studio… on n’était pas prêts !
Vous n’aviez pas de chansons ?
Fra : Si, mais il est arrivé quelques soucis. Notamment à moi. Mais même sans cela, je pense que l’on serait arrivés quand même à la bourre. Le délai était un peu speed. Et puis on n’avait pas trop eu l’occasion de se voir et de répéter tous ensemble. On a carrément inauguré une nouvelle manière de composer. Sur l’album précédent, il y avait eu pas mal d’idées jetées en répet en commun. Même si moi je n’étais pas toujours là, les gars jouaient à quatre. Là, il a dû y avoir 4 ou 5 répets, ou à peine un peu plus…
JBe : Le délai s’explique aussi par l’arrivée de Dudu entre-temps au sein du groupe… et que l’on trouvait ça bien de prendre le temps de faire le nouvel album avec ce nouveau membre.
Comment expliquer le départ de Phil, votre ancien puis nouveau guitariste (membre fondateur du groupe, parti en 2001 puis revenu à la surprise générale en 2019) ?
JBe : Selon sa propre expression, assez imagée, “la greffe n’avait pas pris”. Il est quand même resté 4 ans avec nous. Mais, effectivement, il ne s’est pas ré-adapté à notre rythme et à la vie du groupe. Il pensait que ça avait changé. Ça a peut être été le cas, mais pas dans le sens qui lui aurait convenu… Pour partir, il a attendu une période où il n’y avait pas beaucoup de concerts pour qu’on puisse se retourner et retrouver éventuellement un guitariste. Notre envie de continuer ne faisait pas de doute.

Dudu était jusqu’alors votre technicien son : vous avez donc appliqué votre principe de “promotion interne” ?
JBe : Oui et non, dans la mesure où la proposition est venue de Dudu…
Fra : Au départ, on pensait plutôt à Bender, notre autre technicien de tournée. Mais il nous a répondu qu’autant c’était nickel pour jouer les morceaux des Burning sur scène, autant il ne pensait pas être le cheval sur lequel miser pour nous aider à composer et participer à la création d’un nouvel album, surtout dans des délais rapides.
Dudu a donc composé ?
Fra : Il y a au moins 3 titres retenus pour l’album qui viennent de ses compositions, oui. Il a par exemple apporté le morceau “Red”.
Dans l’ensemble, l’écriture a-t-elle été partagée ou bien y a t-il eu un songwriter principal ?
JBe : Le gros songwriter, ça a été Fra. Il a apporté pas mal de morceaux, et quand on dit “apporter”, il s’agit bien de l’ensemble : guitare, basse, batterie et bien sûr la voix. Il nous envoyait des fichiers, et on travaillait les morceaux à notre manière, collectivement, après les avoir digérés chacun dans notre coin. D’autres morceaux, plutôt composés dans notre local, sont arrivés par Mikis, Dudu et moi, à partir de mélodies. Toutes les compos ont été remises à plat ensuite en studio.

Fra est-il responsable du côté power pop de l’album et de ses couleurs mélodiques britanniques ?
Thomas : C’est ça ! On connaît les atouts de Fra, on connaît ses bonnes cartes, on les utilise. Je crois que c’est aussi un petit parti pris, une petite envie que ça sonne un peu rosbeef. Il fallait mettre de la pop et de la mélodie.
Fra : Accentuer le côté british par rapport à Torches Of Freedom (l’album d’avant) et lorgner aussi un petit peu du côté australien.
Pourquoi avoir baptisé cet album Embers Of Protest, c’est-à-dire les braises de la contestation ?
Fra : Dès le premier texte que j’ai écrit, il y avait cette notion de “souffler sur les braises”. Cela vient d’une déclaration du gouvernement, il y déjà un an, un reproche de “souffler sur les braises de la contestation”, précisément. C’est donc un peu politique, même si tous les textes sont loin d’être politiques.
JBe : Un titre… évocateur.
Le feu est une thématique très présente sur cet album…
Fra : C’est un choix assumé. J’ai mélangé le feu de la protestation et le feu de la passion.

Dans le morceau “Storm In My Throat”, tu reviens sur l’accident qui a mis en péril tes capacités vocales ?
Fra : La chanson dit que l’on est capable d’une chose et de son contraire. On peut être prévoyant et aller bricoler un jour de tempête, ce qui n’est effectivement pas une bonne idée. Je me suis donc blessé à la gorge, et, les dates du studio étant calées, j’ai couru après le temps pour être prêt.
JBe : La période qui a été impactée, c’est justement la période de composition. Fra avait des idées en tête, mais il ne pouvait pas les vocaliser, en raison de sa convalescence. Le gros stress et les grosses questions, c’était à ce moment-là !
Quel était votre état d’esprit dans le studio : relax ou speed ?
Fra : Les deux. Je dois avouer que je ne savais pas si j’allais pouvoir tout chanter. J’ai senti les gars à la fois sereins – je crois que c’est leur expérience qui parlait – et complètement speedés.
JBe : Désorientés en tout cas. Privés de la vision globale de certains morceaux – la voix ayant été posée une fois que l’instrumental du morceau a été entièrement enregistré. Pas sûrs du résultat !
Un album finalisé en studio, c’est du confort digne de Guns’n’Roses, non ?
JBe : Avec peut-être un peu moins de temps. Et de budget.
Fra : On avait quand même une idée de ce que ça pouvait donner ! J’avais fait au moins les ¾ de l’album en pré-prod, en reprenant les idées ou en structurant les bouts de riffs enregistrés par les autres en répét. J’ai écrit les textes et j’ai chanté dessus. Bien sûr, des choses ont été changées mais on avait cette maquette de départ. Pour deux ou trois morceaux, ça a été un peu plus l’aventure. Ce qui est en effet un peu un luxe. Mais c’est pas mal, aussi ! On a enregistré 15 basse-batterie, et il n’y en a que 12 sur l’album. Trois morceaux ont été vite écartés, sans doute ceux qui étaient le moins avancés – en tout cas ceux dont a voté la mise de côté – car on s’est rendu compte qu’on allait courir après le temps. Ils reviendront quand on prendra le temps de revenir dessus.

Illustration de pochette : Karl Beley
Photo couleur (scan du livret CD) : Lucas Thauvin
Photos noir & blanc : Eric Guyot a.k.a. Topfuel Deluxxxe. Ce sont ses photos qui sont utilisées dans le livret. Elles servent de fond et les paroles sont imprimées dessus, pour un résultat très hardcore classieux. Si j’ai bien lu, figurent aussi, sur les autres pages, des photos de Marie d’Emm et de Brice Lambert.

Dates de concerts :
22/05/2024 Paris (75) Petit Bain
24/05/2024 Libourne (33) Invasions Lucane
25/05/2024 La Voulte-sur-Rhône (07) Crashmusette
06/07/2024 Signy L’Abbaye (08) Ardenn’Rock
03/08/2024 Valloire (73) Picsonne Festival
30/08/2024 Manthelan (37) Festival de La Pastèque
31/08/2024 St-Eugène (02) Grèves Musicales
14/09/2024 Auch (32) Le Son de La Nuit
10/10/2024 Lyon (69) Rock’n’ Eat
19/10/2024 St-Brieux (29) Carnavalorock
02/11/2024 Montaigu (85) In Your Face Festival
03/11/2024 Nantes (44) AK Shelter
09/11/2024 St-Quentin (02) La Manufacture
20/11/2024 Lons-le-Saunier (39) Darius Club
21/11/2024 Strasbourg (67) La Maison Bleue
22/11/2024 Dijon (21) Les Tanneries
05/12/2024 Genève (CH) L’Usine -Le Rez
06/12/2024 Cluses (74) L’Atelier des Cluses
07/12/2024 Besançon (25) Bastion Club
18/04/2025 Fontenay-le-Comte (85) On N’a Plus Vingt-An festival
Chronique et interview : Guillaume Gwardeath
Attention promo : si vous désirez vous procurer le livre Hey You ! Une histoire orale des Burning Heads que j’avais écrit avec Sam Guillerand, je profite de la sortie de ce nouvel album pour vous offrir ce code réduc de 12 € : EMBERS (hey, comme quoi vous avez bien fait de lire cet article jusqu’au bout !)



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