“Rentre chez toi, Ricky !” : l’identité, Kwak il en coûte


La hauteur de la pile de bouquins dont j’ai planifié la lecture imminente vient de dépasser ma propre taille. Je ne chronique pas tout, mais je m’attarde sur les initiatives qui méritent d’être saluées. Et désolé pour le retard, hein (ce livre aurait dû faire partie de la sélection de noël 2024).

Rentre chez toi, Ricky ! est le premier roman d’un jeune auteur des Etats-Unis (Gene Kwak, prof de langue anglaise à l’université du Nebraska), dans sa toute première traduction à l’attention d’un lectorat étranger. En l’occurrence, en langue française (très fluide traduction signée Alice Butterlin, aux notes très instructives), aux bons soins éditoriaux de la maison indé modeste et/mais généreuse The Gospel (Bordeaux).

L’histoire : dans de rocambolesques voire pitoyables conditions, un ex-futur espoir du catch s’embarque à la recherche de ses supposées origines natives américaines, mais, bon, comme il est rappelé page 95, “les fantômes ne laissent pas d’empreintes”…

La forme assez classique du road trip se fait bien malmener et tordre le bras. L’Amérique profonde d’aujourd’hui nous est relatée avec encore plus d’authenticité – en tout cas on voit bien le croire –  que dans un article en ligne sur le site de Vice, ou même que dans un numéro de Le 1 hebdo spécial USA.

Les décors de ce “Go Home, Ricky!” sont au moins aussi réussis que ses personnages, avec toutes ces villes moyennes du Midwest où “on a trop de ce dont on n’a pas besoin et vice versa” (trop d’auteurs compositeurs folk et pas assez de skateparks dignes de ce nom, trop d’équipes de catch et pas assez de restaurants vegan, etc.)… Le roman est tellement “graphique” que j’ai eu à de nombreuses reprises la sensation de littéralement visualiser les cases d’un comics, ou les mouvements de caméra d’un réalisateur de film indé bien parti pour décrocher le prix du public au festival de Sundance.

Humour, émotion, quête identitaire, action, sens de la vie et un classique d’Iron Maiden comme signal pour ouvrir les vannes de l’adrénaline. Un roman initiatique par le représentant d’une nouvelle génération tout à fait susceptible de s’adonner à l’art difficile de la déconstruction.



commandes et informations chez Le Gospel

• photographie de catcheur extraite de la couverture de l’édition américaine parue chez Abrams Books

• ci-dessous, l’édition française présentée par Camille Bertini, autrice de l’illustration de couverture :


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