Promenade avec Emmanuel Plane (et le chien de Guy-Man)

“La machine à remonter le temps s’est mise en route” : dans son nouveau livre J’ai promené le chien de Guy-Man, Emmanuel Plane partage quelques souvenirs choisis de sa vie professionnelle révolue, avec la modestie, l’empathie et le sens du mot juste qui le caractérisent.

Sa vie pro, ce fut un stage chez Labels (un département de Virgin Music France dédié à la promo de gros labels indés) en 1996, puis un emploi dans cette boîte comme attaché de presse jusqu’à la fermeture des bureaux en 2003 (le livre a la bonne idée de se conclure sur une liste alphabétique des artistes qui ont constitué le catalogue Labels).

Quand il était sous contrat, Emmanuel Plane écrivait déjà beaucoup, sous le pseudonyme de Philippe Dumez. J’appréciais par exemple ses chroniques dans le magazine Jade et son fanzine (au titre évolutif) Plus jamais malade en auto, dont le premier numéro paru en 1997 avait au sommaire Smog, Low et les Butthole Surfers. Dans un numéro de 2004 intitulé Plus jamais malade en taille M (titre évolutif, je viens de vous le dire), j’avais noté ces indices utiles pour commencer une tentative de définition de “la famille” qui était la sienne : “Celle des chansons écrites dans des cafés, enregistrées sur un mini-disc et jouées sans tabouret, avec générosité. Cette tribu-là n’est pas touchée par la récession du milieu du disque, ne s’indigne pas de la prolifération des téléchargements illégaux sur internet, ne protège pas ses CD-R de système anti-copie”.

Dans ces nouvelles pages hélas trop vite lues, Emmanuel Plane traite avec ironie la “vie frénétique et passionnante qui est celle des salariés du disque”, et confie ses moments de joie ou de malaise, comme apercevoir Dominique A en slip, manger de la mousse au chocolat avec Will Oldham, prendre Robert Wyatt au téléphone pour noter son adresse postale, “frôler la crise cardiaque chaque fois qu’un journaliste n’était pas à l’heure pour une interview”, filer en after avec Bjork, voire, donc, promener le chien d’un gazier de Daft Punk.

Emmanuel Plane est largement à la hauteur de cette observation qu’il avait notée un jour dans une de ses chroniques consacrée à Lewis Trondheim : “Parler de soi, c’est aussi parler aux autres”.

Gw.

• Emmanuel Plane, J’ai promené le chien de Guy-Man, Cinquième étage sans ascenseur Editions, 2024
15 (plus jamais malade en) €, en librairie, ou à commander sur le site de l’éditeur.


En savoir plus sur Gwardeath

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.