Des v à la place des u, des interprétations personnalisées des règles de priorité dans la vague, du rock caverneux et un circle pit de chaises musicales: voici quelques notes prises lors de mon passage au troisième Svrf Pvnk Invitational (en principe je devais couvrir l’événement pour un organe de presse qui a finalement préféré zapper le papier, c’est la vie, no prob, je dis surtout ça pour les personnes qui j’ai croisées sur place et qui me prendraient pour un gros mytho).
Lors donc, même si c’est surtout sur internet que je surfe, je suis me suis rendu à cette rencontre Svrf Pvnk, à Anglet, entre Tarnos et Biarritz, c’est-à-dire mon homeland, mon Heitmat, ma terre – ou, plus exactement : mon sable. Pas trop de risque, donc, en principe, que je souffrisse des exactions d’un psychopathe localiste.
Le Svrf Pvnk Invitational est ce genre de festivals dont ne vous parleront jamais les suppléments de Télérama. C’est organisé par le Switched Kick Out Surf Syndicate, réunion de free surfers, qui, en plus de leur sport fétiche, aiment le rock garage et le hardcore. Ambiance plus proche du club mad que du Club Med pour ces punks du surf de la côte basco-landaise. Ils rejettent l’esprit compétitif et profitent de l’été indien pour organiser leur « Invitational ». Au programme : du surf, mais aussi du tatouage, des concerts, une énorme bamboula…
Pour cette édition, les conditions étaient au top pour aller dans l’eau. Les concerts étaient aussi bien cool, même si je dirais que les organisateurs étaient plus en équilibre sur leurs planches qu’à cheval sur les horaires [insérer smiley ici].
Le mieux c’est de mater la vidéo souvenir que le crew vient de mettre en ligne, sachant que je vous ai rajouté un ou deux mots de compte-rendu brut de décoffrage ci-après, pour piger un peu mieux le contexte :
FAUNE
Mais qui sont ces gens ? Des accents anglais, des looks de blogueuse mode, des Suédois(e)s qui ne connaissent de la langue française que l’expression « oh la la ». Mais qui prend des vacances comme ça en plein coeur de l’automne ? En tout cas on avait beau se trouver mi-octobre, le micro climat (à moins que ce ne fût le dérèglement climatique ?) a permis une bonne prolongation du dress code bermuda + tongs.
SPOTS
Deux lieux pour les soirées :
Le Comptoir de la Plage, à La Madrague, à Anglet. Pas très loin du camping Fontaine Laborde, que connaissent tous ceux qui ont dragué des touristes allemandes ou irlandaises en allant leur jouer des chansons des Red Hot sous des tentes. Pas vraiment de scène, mais juste un tapis sur un caillebotis.
Le deuxième spot, c’est La Ruche Moderne, un garage collectif aux allures de showroom de motos vintage , près du port de plaisance. Le temps du show, les Kawasaki avaient été poussées sur le côté pour laisser la place à une petite scène.
Photo Tim Adler
CIMETIERE
Comme à l’espace VIP au Hellfest, comme au Baleapop, comme dans tous les spots en vue, le Svrf Pvnk avait son cimetière. Il y en avait même deux, en comptant celui de la plage le matin de la compet. Si tu veux suivre la tendance 2015, mon pote, tu peux dès à présent préparer un cimetière dans ton bout de jardin, sur ton balcon ou au pire dans la caisse du chat si vraiment tu vis dans un très petit appartement.
Photo Tim Adler
TATTOO ROULETTE
Je n’avais jamais vu de « tattoo roulette » de ma vie. C’est une sorte de roue de la fortune avec des gages (basculer un shot cul-sec, baisser son futal, etc.) et des lots, dont le tatouage express : un artiste tatoueur t’encre un flash dans la foulée. Perso, j’aime bien les tatous mais je trouve ça complètement exagéré.
Photo Gwardeath
GANG BANG TATTOO HUMAN CENTIPEDE
Je crois que la dernière fois que j’avais vu des chaises musicales, j’étais animateur et je n’avais pas encore perdu mon diplôme du BAFA. Là, j’ai assisté à un véritable circle pit de chaises musicales. Encore plus dingo que la veille, et à ma grande surprise, l’enjeu était un ticket pour le « gang bang de tattoo » : le winner s’est fait tatouer simultanément par l’ensemble des tattoo artists présents (Tattoo Ole Traditionals, Electric Funeral, Sabbra Cadabbra…). Ça a été un spectacle inédit pour moi. C’est une idée que les svrf pvnkers ont ramenée de Thaïlande.
Photo Gotz Goppert
SURF
Je ne sais pas comment ils ont fait pour se lever mais les svrfers sont bel et bien allé svrfer (en costume de hot dog, à poil, etc.). Les récompenses ont été remises le soir au cours de la chaotique « Pvnk Trophy Ceremony », avec des awards du type « biggest fail », « best punk », etc. Une fille qui avait perdu sa montre dans les vagues le matin s’est vu remettre en guise de récompense… une nouvelle montre, dans une bel emballage cadeau. Bon esprit quand même.
Photo Julien Roubinet
SHOWS
Rappel à l’attention des duos guitare/batterie : attention à la loi qui dit qu’on ne doit pas jouer plus d’un quart d’heure, sauf cas exceptionnels : reformation des White Stripes ou jam entre Sly Dunbar et Robbie Shakespeare (et encore, si tout le monde s’est enduit de ce gel au THC que l’on trouve dans certains sex shops).
Sinon voilà les groupes qu’il va vous falloir checker dorénavant si vous êtes dans le délire : Bikini George, Dragster, Kaviar Special, et Crusaders Of Love – avec t-shirt Sweet et morceau pompé sur Thin Lizzy. C’était intense et fuzzy. La dernière fois que j’ai eu les oreilles autant défoncées dans le coin, c’est quand j’étais allé plonger aux Esclaves à Biarritz en remontant sans respecter les paliers de décompression.
Surprise dans la programmation, il y avait un groupe chaos hardcore/power violence, Hard Drugs. J’ai trouvé ça super cool, surtout que leur concert a été interrompu par la police, comme dans un biopic de Black Flag.
Photo Hard Drugs par Gwardeath
GET IN THE VAN
Un truc que je n’avais encore jamais vu : les groupes hébergés dans les couchettes d’un van directement garé sur le parking à côté du club, à cinquante mètres de la plage.
AFTER SHOWS
Pour l’after, rien que du très classique : pisse, vomi, nudité partielle et encore plus de mélanges de langues que dans une session plénière au Parlement Européen.
CONCLUSION
Pas facile de taper des v à la place des u.