« Je me suis mis tranquillement, mais sûrement, comme le roi des cons, dans une merde apocalyptique »
James Rhodes, Instrumental
J’ai enfin lu Instrumental de James Rhodes et je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir pu lire ce book plus tôt.
Les jeunes éditions Terremoto (« secousses culturelles et collisions artistiques », Bordeaux) m’en avaient remis un exemplaire et bien qu’ils m’eussent fort bien vendu le pitch, il m’a fallu grapiller du temps de-ci de-là pour pouvoir avancer sur mon programme de lecture (et contrairement à James Rhodes, je dors plus de 3 ou 4 heures par nuit).
Le livre ayant paru à l’automne dernier, il est trop tard pour le chroniquer dans Junkpage par exemple, ou bien proposer un papier à Noisey, mais croyez-moi : ce serait mérité.
Faites-moi une faveur, ceci dit : intéressez-vous à ce livre (comprendre : procurez-vous ce livre au plus vite).
A mon tour d’essayer de pitcher, sans trop déflorer. James Rhodes est un pianiste jouissant d’une certaine notoriété en Grande-Bretagne. En plus de sa carrière de musicien, il est connu pour ses émissions de télévision (assez cool, on peut les voir facilement sur YouTube) et son activité de conférencier. Il a du talent, de l’humour – quand bien même son autobiographie inclut des passages à frissonner de dégoût, nombreuses sont les tournures vraiment drôles – et aurait plutôt la dégaine d’une rock star typiquement britannique, dans la lignée des lads de Pulp, Blur, Oasis, etc.
Difficile de taire trop longtemps que James Rhodes a subi des violences sexuelles quand il était tout gamin. Il raconte ça, et, en conséquence, la succession d’incroyables up & downs qu’a été sa vie.
Et là, il faut s’accrocher. Haine de soi, tentatives de suicide, drogue, automutilation, alcool, prostitution, névroses, hallucinations, internements, évasions, problèmes relationnels, troubles traumatiques en tous genres. Inquiétudes. Incertitudes. Agitation. Abandon. Désespoir. C’est gratiné.
Pour sauver sa vie : la musique.
Peut-être que si j’avais lu ce pitch comme vous venez de le faire, cela ne m’aurait pas incité à me plonger dans la lecture plus que ça. Et pourtant, je pense que dorénavant je répondrai « Instrumental, de James Rhodes », quand on me demandera quelle est la biographie de musicien dont la lecture m’a le plus marqué.
A chacun de décider si cet Instrumental est plus un livre sur la musique (plus « Instru-« ) ou plus un livre sur le trauma (plus « –mental« ) ? Il constitue en tout cas un bon trousseau de clés pour ouvrir des portes vers des pièces où quelqu’un est en train de jouer – pour notre salut – des oeuvres de Beethoven, Schubert, Schuman ou Chopin.
Instrumental édité par Terremoto bénéficie en outre d’une excellente présentation (l’objet est solide et élégamment façonné), et la traduction fluide paraît restituer de la meilleure façon possible le style moderne et cinglant de James Rhodes.
Instrumental, James Rhodes. Ed. Terremoto, 19 €
Disponible en librairie ou en vente par correspondance chez LiberDistri
Photos :
James Rhodes : photo de presse
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