Tu parles d’un bon pitch :
« Au début des années 90, trois gamins sevrés au death metal, aux jeux de rôles et aux films d’horreur vont devoir combattre les monstres des pochettes de leurs disques préférés venus hanter notre réalité par le biais d’une platine maudite… »
Voici venu le temps est le premier roman de Jérémie Grima – que j’avais déjà interviewé pour mon podcast quand il avait sorti son recueil d’entretiens Metal Bunker, et qui est un des deux auteurs du livre Enjoy The Violence, dont j’ai participé à l’édition avec Metro Beach.
C’est lui :
Nous voici replongés dans une époque où les appareils photo sont jetables, les appels téléphoniques se passent depuis une cabine à l’aide d’une carte à puce, où la fille la plus craquante de la classe est gothique, où l’on rêve d’emprunter le Necronomicon au CDI, où l’on parle de « La Guerre des étoiles » pour dire « Star Wars » et on utilise sans sourciller une expression comme « totalement ultime ».
NB : pour encore plus de crédibilité contextuelle, un des jeunes héros se prénomme Guillaume.
Comme le synopsis ne le cache pas, on est en plein roman teenage aux tenants et aboutissants largement fantastiques, pouvant monter à des échelons de délire proprement vertigineux . De l’imaginaire à l’état pur – sauf à me prouver qu’on puisse trouver pareille platine magique à Darty, ce qu’à Dieu et aux services de l’Etat ne plaise. Même avec option SAV 7 jours/7 assistance téléphonique incluse.
Le réalisme n’est sans doute pas la constante obsessionnelle de l’auteur, mais, après tout, ne peut-on pas douter ensemble du réalisme du scénario de Wargames ou de l’appareil reproductif des Gremlins ? On rentre et on sort de la réalité comme les acteurs rentrent et sortent d’une porte tambour devant un hôtel dans un vieux film burlesque. Les trois ados principaux protagonistes de l’histoire finissent par rentrer dans un univers digne d’une de ces folles vidéos VHS qu’ils affectionnent – SFX inclus – alors qu’en parallèle les créatures les plus surnaturelles quittent l’au-delà de l’apparence du monde pour des visites terrestres aux dommages collatéraux redoutés de la plupart des professionnels des assurances et de la chirurgie de guerre.
J’ai lu une grosse centaine de pages du livre, puis l’ai reposé, devant m’acquitter d’autres tâches. Le temps de me remplir un mug de thé, j’ai en fait aussitôt repris le volume en main. Pour « connaître la suite », comme on dit. Pour savoir comment les gars allaient se tirer de ce merdier hallucinant. Je pense que s’il faut chercher un critère pour définir une bonne lecture, on peut le trouver là.
Par ailleurs, je me suis vraiment marré. Il y a quelques répliques qui m’ont valu quelques éclats de rire bien sonores.
Autres remarques :
Page 150 : une apparition surgit, que je n’ai pas aimée. Je me suis dit : mince, ça part en sucette.
Page 153 : je suis réconcilié avec l’histoire.
Page 175 : le chaos lovecraftien est tellement démesuré que je me suis dit : « c’est bon, je me rends » !
Page 180 : je lis : « Bordel, ce n’est pas un disque qui a été joué, mais carrément la discothèque idéale du hard ! »
Page 234 : j’ai enfin compris le titre du livre (je devais être absorbé par l’histoire).
Prétexte à déconner et à payer tribut à d’impeccables goûts musicaux fondateurs, le roman est aussi, je le suppose et je l’espère, un hommage nostalgique à la sortie de l’adolescence, cet âge sacré et incomparable où, fût-elle noire, un peu de magie est nécessaire pour achever de se construire une âme et de devenir un homme.
Voici venu le temps est disponible ici chez Zone 52.
Release party le vendredi 15 février 2019 au Dr Feelgood, à Paris.
Making of :
Notes de lecture : Guillaume Gwardeath
Photos : Jérémie Grima
Illustration : Will Argunas
J’ai hésité à intituler l’article = « Ce livre aurait dû être publié chez Hachette ! »
Si vous aimez le death metal, les jeux de rôles et les films d’horreur, vous trouverez encore plus de news en suivant mes réseaux sociaux :