Ok boom-boomers. Tout le monde est bien speed mais voici les Gwardeath Awards 2019. Une des distinctions parmi les plus prestigieuses de l’année.
« Un vrai Top publié le plus tard possible fin décembre, pas comme ceux bouclés quasiment fin novembre par des collègues hipsters déjà tout obsédés par la perspective de savourer leurs congés. » Anne-Sophie Lapix
Il est temps de se replonger en pensée dans les douze mois écoulés. Quel fut le miel sur nos tartines ? Quel fut le sel dans la blessure du temps ?
Allez A + et portez-vous bien : c’est le seul truc important !
Gw.
ALBUM LE + STREAME DE L’ANNEE
Nick Cave & The Bad Seeds – Ghosteen
ALBUM DE PUNK DE L’ANNEE
The Briefs – Platinum Rats
Acheté en vinyle en direct au stand de merch du groupe en tournée.
Morceaux préférés : « Dumb City » (je me demande de quoi ça parle), « She’s a Rat » (je me demande de quoi ça parle), « Undergroud Dopes » (je me demande de quoi ça parle), « Terrible Vibes » (je me demande de quoi ça parle) et « Nazi Disco » (je me demande vraiment de quoi ça parle)
ALBUM DE METAL DE L’ANNEE
Possessed – Revelations Of Oblivion
Le titre « No More Room In Hell » me donne direct envie de ranger ma chambre. Le break de « The Word » ou des morceaux bien old school DM comme « Omen » ou « Ritual » , ça donne envie de mater une bonne VHS de film d’exorcisme dans la foulée ou d’aller pratiquer un sacrifice (sacrifice de bol de céréales ou de paquet de gâteaux, pas de panique).
CONCERT DE L’ANNEE
Jodie Faster à Orléans ? Ho99o9 à Bordeaux ? Verbal Razors au This Is My Fest ? Missile et Vegan Piranha au This Is My Feria ? Sueurs Froides au Mogambo ? The Briefs à l’IBoat si on leur pardonne de ne pas avoir joué « New Shoes » ? Fra en rodage au chant avec les Burning Heads ? Ou bien carrément ZZ Top au Hellfest avec mon pote Gégé ?
ARTISTE MUSICAL REGION NOUVELLE-AQUITAINE
Lysistrata
FESTIVAL DE L’ANNEE
Xtremfest, Cap Découverte (81)
FILM DE L’ANNEE
Daniel Darc, pieces of my life. Super taf de montage. Il aurait été dommage de ne pas s’attaquer à ces tonnes de rushes. J’ai vu Daniel Darc une seule fois, dans my life à moi, dans un rade assez rock’n’roll vers Bastille/Charonne. Il sortait des chiottes (bien sûr, je m’étais dit qu’il venait de se faire un fix) et il trimballait ses affaires dans des sacs en plastique un peu comme si toute sa vie avait été en jeu là-dedans. De l’avis de mes amis, Daniel Darc était généreux et accueillant.
BOUQUINS DE L’ANNEE
1 – Catégorie graphic novel : In Waves de Aj Dungo.
Un magnifique et très émouvant récit d’amour, de surf, de mort. Bien entendu, il m’a été impossible de ne pas penser à ma super cool meuf Lucie, elle qui me donnait l’impression de vouloir vivre la moitié du temps sur une planche. Comme je l’ai déjà raconté à tous mes amis, j’étais avec elle quand son coeur a arrêté de battre. Ça s’est passé sur le chemin du littoral entre Hendaye et Saint-Jean de Luz, sur la corniche. Juste en contrebas, la plage où Lucie avait enterré sa chienne, et où elle venait se poser, seule, pour méditer, et penser, sans doute, à la mort. Quelle drôle de coïncidence. Son dernier regard aura été sans doute pour les vagues au-loin. Les vagues avec qui elle repose à présent. Pour toujours dans les flots.
Ma mère m’avait dit :
“Tu sais, ça va prendre du temps, puis petit à petit tu sentiras moins de douleur et moins d’injustice. Et puis, plus tard, à des moments où tu ne t’y attends pas, comme ça, sans raison, tu ressentiras énormément de manque et beaucoup de tristesse.”
“Jusqu’à quand ?”
“Sans doute toute ta vie. Ça fera comme des vagues. »
J’ai l’impression qu’une fois de plus ma mère avait raison, mes chers amis. C’est comme ça que ça marche. Comme ça, sans raison, juste parce qu’il fait chaud sous un rayon de soleil, juste parce que l’océan est en train de faire rouler son lourd grondement, juste parce que j’ai mis la casquette Suicidal Tendencies, juste parce que je prends la route du lac, juste parce que je repense à Lucie sur la corniche en train de me dire les derniers mots que j’entendrais de sa cool voix de petit canard : “C’est beau ici. C’est tellement beau. On en a de la chance, hein ?”
La tristesse arrive par vagues. C’est donc cette réalité qui donne ce titre à la bande dessinée de Aj Dungo.
Le livre In Waves m’a été offert, sans trop d’explication, mais sans doute en lien avec tout ça. Ça m’a beaucoup touché. Je l’ai lu religieusement, en chialant la moitié du temps.
2 – Pour le reste, ce que j’ai vraiment aimé lire, ce sont essentiellement des (auto)biographies : celle de Jean-Pierre Dionnet, celle de Gilles Bertin (Trente ans de cavale. Ma vie de punk), la traduction française de la vie de Lovecraft en deux volumes par S.T. Joshi (je l’ai eu deux fois, soit quatre volumes : on me l’a offerte, et je me la suis achetée ! Fruit du hasard, bien entendu. Qui plus est, dans la même librairie !) et le gros et excellent book des Beastie Boys (là-aussi, décidément, un super cadeau). Plaisir d’offrir, joie de recevoir.
FANZINE DE L’ANNEE
C’est un fanzine de vélo, format A5, avec une couverture jaune, que j’ai acheté au stand du gars au Zinefest au mois de juillet, mais j’ai oublié le titre. Ça raconte le voyage à vélo d’un couple de punks à travers l’Europe, avec beaucoup d’amour et d’humour, les deux ingrédients des vies de couple réussies.
FLUX INSTAGRAM DE L’ANNEE
Le National Geographic de proximité, avec Jubreaker, jeune fan de punk (vous le verrez à son débardeur ou à sa casquette Teenage Bottlerocket. Ah, et à son pseudo aussi) qui travaille comme accompagnatrice de montagne, dans les Pyrénées. Randonnées avec les chiens (en traîneau quand il y a de la neige), sommets, nuages. Franchement, pures stories. J’ai passé mon brevet d’animateur – spécialisation montagne (il y a longtemps, okay) dans la vallée d’Aspe. Je me demande si je serais encore capable de m’orienter avec une carte et une boussole. Je me demande si je pourrais encore trouver le nord dans le ciel étoilé (bon, ça va, ça c’est cilfa). Je me demande si je pourrais encore ramasser des orties sauvages sans trop hésiter pour en faire un bouillon le soir à l’étape ? Un des trucs que j’aimerais faire avant de rouiller comme une vieille chaussette, c’est la traversée des Pyrénées, d’Hendaye à Collioure.
SAISON PREFEREE DE L’ANNEE
L’été
T-SHIRT DE L’ANNEE
Burning Heads, par Freak City
CLUB DE SPORT DE L’ANNEE
Tonnerre Sport et Formation – United Krav Maga, Tarnos
MEILLEURS PASS DEJA EN POCHE POUR UN EVENEMENT DE L’ANNEE 2020
Iron Maiden à La Défense Arena le 11 juillet.
ONOMATOPEE DE L’ANNEE
« Han »
MEILLEURE SOIREE CUL DE L’ANNEE
Ah ah. J’avais vraiment écrit ça. Une nuit thématique à Paris, une boîte en région Nouvelle-Aquitaine et un after d’une soirée dans un squat (restons flous). Mais bon, j’ai jugé + prudent d’effacer tout ça, ah ah. Franchement, vous savez ce que c’est. Les meilleures histoires on se les raconte en se marrant au coin du feu, une bière à la main, ou en zonant près des bunkers.
CINQ EXPOSITIONS DE L’ANNEE (AH NON, SIX)
1 – Etant donné les oubliettes que sont devenues le CAPC, nef pour nef, à Bordeaux, autant être allé dans l’ancien temple protestant des Chartrons mater l’installation de Gonzalo Borondo. Ça a marqué énormément de gens l’été dernier. C’est la première fois qu’une expo donnait l’impression de rentrer aussi physiquement et spirituellement à l’intérieur d’une pochette de disque de Year Of No Light, avec ses ex-voto brisés aux lettres inversées, sa mise en scène des ruines au rythme des phases d’une lune destructrice, sa promesse de disparition des hommes et son pin des Landes.
2 – Tués par la mort, à La Fanzinothèque (Poitiers)
2 bis – La déferlante surf, au Musée d’Aquitaine (Bordeaux)
Quand je ne portais pas mes T-shirts Metallica, Slayer ou Iron Maiden, mon look d’ado ( = les achats pour moi de ma mère, de ma grand-mère, de ma tante, etc.), c’était le surfwear d’une industrie en plein essor sur la côte où j’ai grandi. Cette expo a remué plus d’un souvenir. Oh, et quand j’ai vu le tiki bar dans la dernière salle, j’ai trop eu envie de me remettre à construire le mien.
3 – Vampires, à La Cinémathèque (Paris)
Un exemplaire du Dictionnaire philosophique (1764) donne à lire cette observation de Voltaire: «Les vivants sucés maigrissaient, pâlissaient, tombaient en consomption» (c’est-à-dire un dépérissement maladif progressif).
4 – Henri de Toulouse-Lautrec
Big expo visitée en nocturne au Grand Palais. Fascinante série de portraits de la muse rousse de Lautrec, Carmen Gaudin. J’ai lu dans un petit livre qu’il avait eu comme un coup de foudre la découvrant la première fois, « vêtue comme une ouvrière » mais resplendissante de sa naturelle couleur cuivrée. En plus des chevelures rousses, HTL semblait aimer les forts maxillaires chez les femmes, ou alors il aimait les exagérer en les dessinant (comme d’autres font avec les mains, par exemple) ? Parmi les trois derniers tableaux accrochés : Paul Viaud en tenue d’amiral (peint en 1901, l’année du décès de l’artiste), avec cette vision du vaisseau au loin, penché, cinglant sur des eaux vertes, comme une évocation de son départ prochain vers un dernier grand voyage.
5 – Léonard de Vinci
Ce qui est impressionnant, au Louvre, ce sont les grandes salles : leur volume, leur architecture, leur décoration. Quel dommage de s’entasser dans une expo qui paraît avoir été aménagée au sous-sol dans une espèce d’entrepôt Ikea. Présentation chronologique des oeuvres, comme pour l’expo Toulouse-Lautrec ou pour le livre Hey You – une histoire orale des Burning Heads. L’illustre Homme de Vitruve (1489) est assez petit en fait : ente A4 et A3 (format fanzine en tout cas). Remarquables portraits de cous sur fonds noirs. Etonnante présence d’un cheval dans la salle à manger que l’on peut voir dans L’Adoration des Mages (1480-1482). Il y a aussi une réflectographie infrarouge du portrait dit « La Dame à l’Hermine » (1485-1490, environ). Ce que l’on voit, c’est le tracé sous la peinture, autrement dit le dessin original de Leonardo, ce big name de l’inachèvement. Là encore, fascination totale pour la dernière oeuvre accrochée : Déluge (1517-1518). Au Clos Lucé, à Amboise, sentant sans doute la mort venir, Léonard de Vinci avait entrepris de réaliser toute une série de visions de déluges, images symboliques d’un univers décidément livré à l’impermanence. Sur le cartel placé sous cette oeuvre de la collection royale du château de Windsor, il est indiqué (je l’ai recopié sur mon carnet) que « les dernières pensées de Léonard furent pour une mystérieuse jeune femme indiquant quelque chose au bord d’un paysage de rivière. »