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Au studio Shorebreaker

Journalisme de proximité : pour le journal Junkpage (« la culture en Nouvelle-Aquitaine »), je me suis intéressé au studio Shorebreaker (Tarnos), là où enregistrent, se croisent et passent prendre le café des artistes tels que Willis Drummond, Botibol, Petit Fantôme, Équipe de Foot, Lysistrata, Botibol, Kēpa, etc.

C’est toujours mieux de se procurer la version papier du journal. En alternative, voici quelques liens utiles :
Junkpage n°97 en PDF
capture d’écran de l’article en .png
capture d’écran de la sélection Willis Drummond en .png

Mis en page par le journal, l’article donne ça :

Et ici, le zoom sur le disque de Willis Drummond :

Le journal Junkpage ne devrait pas tarder à mettre en ligne la version web de l’article. Dans l’attente, voici ci-dessous mon texte brut de décoffrage :

BONNES VIBRATIONS

Sur la côte landaise, Shorebreaker n’est pas une guest house pour surfers, en dépit des apparences. C’est un lieu de résidence et de travail pour les artistes locaux Petit Fantôme ou Willis Drummond, et avant tout un pôle d’enregistrement où le réalisateur Johannes Buff aime à élaborer un son pop, élégant et iodé.

Shorebreaker : le nom fait référence aux vagues de bord caractéristiques de la plage du Métro voisine. Nous sommes à Tarnos, c’est-à-dire l’extrémité sud du département des Landes, en suivant le littoral. Le studio est à peine caché derrière quelques pins, dans la villa d’un lotissement peuplé de retraités, où la tranquillité du rythme de vie est encore plus flagrante hors saison. “Quand les groupes me demandent comment cela va se passer, je détends directement l’atmosphère. Ici, c’est à la cool.” Johannes Buff annonce la méthode : “Pas de producteur stressé. Pas de musiciens crispés. Au final, on bosse bien mieux”.

Animateur du lieu, Johannes Buff est né à Dax et a vécu son “épiphanie adolescente” dans les réseaux communautaires basques. Coiffeur de métier, il quitte la région aux début des années 2000 pour négocier les zigzags d’une nouvelle vie. A Grenoble, il se met à pousser les boutons lors des concerts organisés par la radio universitaire, puis se retrouve embauché comme roadie, régisseur et sonorisateur de groupes français et internationaux en tournées européennes. Il conduit le van, il fait le son et il coupe les cheveux de tout le monde !

Il devient le couteau suisse d’Herman Düne, Zombie Zombie, Civil Civic, Dälek ou encore Lee Ranaldo et Thurston Moore qu’il rejoint juste après la séparation de Sonic Youth… La vie en tournée contient les germes du burn out, mais Johannes anticipe la crise, et s’installe en 2017 à Bayonne, avec le projet d’ouvrir son studio, avec le soutien de partenaires aussi fidèles que discrets, comme Romain Camo du groupe Astral Conversations.

Il débute en appartement, puis déniche la maison idéale, humble mais fonctionnelle, au sous-sol au plafond assez haut pour pouvoir y monter le caisson de prises. Bilan d’étape : la moitié du carnet de commandes remplie par des projets locaux, y compris les musiques traditionnelles, et pour l’autre moitié, grâce à un bon bouche à oreille. Toutes ces années en tournée et les bons retours d’expérience avec les musiciens ont porté leurs fruits. Des dizaines d’albums ont déjà été enregistrés, dont ceux de La Compagnie des musiques télescopiques (Bayonne), Blick Bassy (Libourne), Équipe de Foot (Bordeaux), Képa (Tarnos) ou de Park, le projet réunissant Lysistrata (Poitiers) et le néo-local François Marry de The Atlas Mountains…

La table de mixage est placée dans le salon qui s’ouvre sur la terrasse. Johannes voit passer les visiteurs, tels que les musiciens locaux Botibol ou Petit Fantôme qui débarquent y compris au beau milieu des séances de production et donnent leur avis. “Les musiciens qui viennent enregistrer ici trouvent ça agréable et rassurant, assure Johannes Buff. Ici, tu n’es pas tout seul, enfermé dans ton donjon.”

“Si on arrive à assumer une idée devant les gens, c’est signe qu’on est dans la bonne direction !” approuve Pierre Loustaunau, alias Petit Fantôme (qui a installé ici son propre studio et est devenu le binôme de Johannes en qualité de réalisateur artistique). L’ingénieur du son hôte de Shorebreaker cultive ces rencontres accélératrices de créativité :  “J’espère toujours qu’un solo pourra être posé par un ami qui était juste passé pour prendre un café. C’est rare, mais cela arrive de temps en temps.”

Tous textes : Guillaume Gwardeath
Entretiens réalisés au studio Shorebreaker (Tarnos) en octobre 2022.

NB : C’est curieux, mais le journal a changé l’expression qu’utilise Johannes, « à la cool », en « à la coule », ce qui n’a pas trop de sens – car « à la cool » signifie bien sûr « relax / décontracté » tandis que « à la coule » signifie « habile / expérimenté / qui connaît les ficelles du métier »…

Photos :
• sur la photo de l’article dans le journal, on voit le groupe Lysistrata au studio Shorebreaker pour l’enregistrement du projet Park (avec François Marry des Atlas Mountains). Le photographe est Guillaume Fauveau
• pour l’illustration de cet article en ligne (« image mise en avant »), j’ai photographié à l’iPhone le volet intérieur du CD de Willis Drummond, sur lequel se trouve une photo du même Guillaume Fauveau