Montesquiou on the rock’s 2025


Montesquiou a des airs de village endormi. A l’horloge de la poste, le temps s’est arrêté à deux minutes avant huit heures, pour ne plus jamais avancer. Le garage Esso paraît avoir été abandonné de longue date, et le cadran de son unique pompe à essence affiche pour l’éternité un prix à payer de 210,00 francs.

Mais le castelnau ne dort que d’un oeil, et, sous la muraille, quand ouvrent les portes de l’allée qui accueille son festival, la bourgade se prépare à devenir une jungle d’extase et de frénésie.

Les ronronnement des moteurs des camions de teufeurs se fondent dans des versions remixées pour free parties de « Commando Pernod » ou « Vivre libre ou mourir ». A la manière de la martre sauvage sondant les cavités dans les troncs des chênes rouvres, ils cherchent un emplacement pour la nuit.


Depuis 18 ans, Montesquiou On The Rock’s propose un rendez-vous gratuit au crépuscule de l’été. Sur les affiches des dernières éditions : une large palette de pin-ups dans une esthétique garage exotica et des noms comme Meatbodies, Death Valley Girls, Alvilda, Reverend Beat-Man, Les Lullies, Giuda ou Magnetix.

Vu et entendu cette année, les 22 et 23 août :

Oh No It’s Diva : trois filles qui rendent hommage à Devo via une setlist de reprises (“C’est un peu comme si Devo nous avait laissé les clés de la baraque et qu’on avait tout pété à l’intérieur”).


Lùlù (à prononcer « Loulou », ont-ils bien pris soin de préciser) : rock franco-italien à riffs – comme ils viennent de Lyon, difficile de ne pas penser bien entendu (et avec facilité, OK) à Starshooter. En tout cas, ils ont bien mis les points sur les i, ou, plutôt, les accents sur les u.

Dr Sure’s Unusual Practice : les représentants de l’étape de ce style pas si inusuel à la mode en ce moment joué par des Australiens avec le synthé hyper en avant et des coupes mulet hyper en arrière. Compos tubesques efficaces de proto-punk joué avec le son d’une bourrasque garage tropicale et le surplus d’énergie libéré par l’ordre de cette date dans la tournée d’été : la vingt-huitième d’une série de 28.

Le Prince Harry : duo électro punk avec une énorme basse, et cette folie propre aux groupes belges weirdo dansables qui nous séduisent à coup sûr.


The Warlocks : des Californiens en longue montée et longue descente, sans jamais vraiment passer par un point d’explosion, traversant la nuit dans un panache de fumée ferroviaire psych rock.

The Molotovs : trio de (très) jeunes anglais qui semblent avoir chiné leur garde-robe sur Brick Lane ou à Camden Town, une « sensation du moment » (ça devrait s’accélerer après leur tournée en support de la nouvelle mouture des Sex Pistols) avec guère de morceaux connus ici, mais un astucieux choix de reprises dans la set list : David Bowie, puis Undertones, et même un bon vieux rock bien rétro de Chuck Berry (enfin je veux dire que là d’où je viens c’est un vieux rock bien rétro).


J’ai bien sûr loupé quelques autres concerts, dont le flamenco trash one man band d’Alicante Nesster Donuts, qui a joué à poil (qué calor) y compris, m’a-t-on dit, en se servant de son zizi sur les cordes de la guitare.


Des achats à faire en journée : des skeuds dans les bacs du « rock’n’roll market » (tarifs alignés sur Discogs) ou le poster souvenir sérigraphié en direct par le Mange Disque d’Aurillac.


Des disc jockeys assurent les mix musicaux mais ce que j’ai préféré, c’est le “mix latino”, assemblage de parfums exotiques par Les Sorbetises de Christine, sorbets fabriqués à Mirande (Gers) avec amour (“au plaisir de vous régaler”).

Autre bonne activité pour l’après-midi : chercher un camping loin des teufeurs nocturnes.

A l’année prochaine, probablement.


Photo originale de Nesster Donuts par Mat de La Pétroleuse, interceptée sur Facebook. Je l’ai bien sûr totalement caviardée pour respecter l’anonymat des amateurs et amatrices.


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