Allongé sur ma serviette de plage, je lisais dans Libé cet article intitulé «La méduse détient peut-être les clés ». Les clés de quoi, je ne me souviens plus exactement, mais en tout cas elle détient (peut-être) les clés. Peut-être même détient-elle un décapsuleur ?
Bref, tout cela m’a donné envie de tenir à jour un blog « spécial vacances au bord de la mer ». Super, non ? Tous les jours, du premier lundi de juillet au dernier vendredi d’août.
Par contre j’ai eu cette idée aujourd’hui, vendredi 29 août, ce qui veut dire qu’il n’y aura qu’une seule note de blog des vacances de l’été, celle-ci. Mais, hey, je promets que je ferai le maximum pour que ce soit mieux l’année prochaine.
Voici donc un petit compte-rendu de la visite du jour : le musée de la mer, à Biarritz. Pour rester bien hipster, j’ai fait ça sous forme de liste.
TOP 10 DES ANIMAUX VUS AU MUSEE DE LA MER (COLLECTION PERMANENTE)
1 – Les Phoques gris
Les phoques du bassin, bien sûr. Exclusivement des individus qui ont été sauvés par les vétérinaires et biologistes après un échouage sur les plages, quelques mois après leur naissance. La femelle Titounette a été retrouvée échouée sur la plage de Tarnos, en 1986, l’année où je rentrais au lycée. Tous les autres phoques ont été récupérés sur les plages des Landes ou du Pays Basque, à Hossegor, Lit-et-Mixe, Hendaye… à l’exception des plus jeunes, nés en captivité. Ces animaux, incapables de rejoindre une colonie existante, étaient tous promis à une mort rapide, que ce soit à cause de leur comportement asocial ou de leur handicaps physiques (Okéra, la maman, est borgne, par exemple, comme on peut le voir sur la photo). La petite nouvelle dans la coloc, c’est Izar, recueillie le 1er janvier sur la Grande Plage de Biarritz, baptisée du mot basque qui signifie « étoile » , soignée, puis relâchée, puis finalement revenue crécher au musée car incapable de se nourrir seule, trop habituée à fluncher avec les soigneurs. Tout ça pour répondre par anticipation aux remarques hardcore des capitaines mi-Watson mi-Igloo du style « libérons les phoques, sortons-les de leur environnement carcéral et remettons-les dans l’océan ». Finissons la phrase : « où leur espérance de vie ne dépasserait pas, au mieux, quelques semaines. » La longévité du phoque est d’une vingtaine d’années en milieu naturel. Ceux soignés par l’homme dépassent aisément la trentaine d’années. On trouve des phoques gris dans tout l’Atlantique nord, jusqu’aux côtes du Portugal.
2 – Le poulpe
Ne me demandez pas dans quels genres d’endroits j’aime bien traîner, mais je rencontre encore souvent des gens se demandant à haute voix quelle est la différence entre le poulpe et la pieuvre. Bien sûr, c’est la même chose. « Octopus vulgaris » est-il marqué dans les deux cas sur la carte grise. J’ai de bons souvenirs de poulpes de mes plongées au Cap Béar, en Méditerranée. Ce sera un motif pour un de mes prochains gros tatouages (j’ai déjà fait la méduse). Le poulpe est un animal qui s’apprivoise fort bien paraît-il, et serait même très attachant. Je pense, par ailleurs, que les céphalopodes sont en pole position pour dominer la planète Terre après l’extinction prochaine de la race humaine. Leur céphalisation est déjà bien avancée et y’a d’là place dans leur grosse tête pour des évolutions futures, et ils sont bien sûr bien armés pour assurer différentes activités grâce à leurs tentacules et ventouses (déplacement, préhension, combat, etc.). J’ai déjà un pote qui s’appelle Skidz, tous mes autres potes s’appelleront squids !
3 – La rascasse
C’est un animal fascinant, la rascasse, en plus d’être quasiment une insulte en provencal. Sur la photo, c’est un sébaste chèvre. Le cartel sur son aquarium le qualifie de « mauvais nageur », ce qui est toujours marrant pour un poisson. Son special trick est de se confondre par mimétisme aux fonds rocheux, rester statique, et attendre patiemment qu’un jeune poisson ou un petit crustacé passe par là, et, hop, le capturer pour s’en délecter. Ne me dîtes pas que ça ne vous rappelle personne de votre connaissance ?
4 – La Murène Verte des Caraïbes
La murène, fascinant et terrible. Animal formidable. Comme dans la chanson de Bashung : « voleur d’amphores au fond des criques, j’ai fait la cour à des murènes. J’ai fait l’amour. J’ai fait le mort . » Le fait que la murène, dans le cas présent, soit « des Caraïbes » donne franchement un côté « aventure de pirates » pas dégueu à toute cette poésie.
5- Le Chirurgien clown
Curieux nom, n’est-ce pas ? Il évolue seul au stade juvénile, comme l’ont vécu la plupart d’entre nous, surtout ceux dont l’essentiel des désirs tournait autour de la projection en salle de Blade Runner et de Alien (n’est-ce pas les gars ?), puis il règne sur un harem de plusieurs femelles à l’âge adulte, tournant qui constitue une sorte de grosse revanche des nerds.
6 – La tortue de mer
Il y a des tortues de mer dans le bassin dit « des grandes espèces », mais des tortues luth il y a seulement un moulage, d’un spécimen qui avait été récupéré sur la plage, mais qui est mort dans les 48 heures. C’est un spectacle que l’on peut voir seulement dans les documentaires animaliers, mais ce qui me touche le plus, c’est ce moment, sur le sable, où l’oeuf s’ouvre sur une vie de dangers, et où chaque heure, chaque minute, chaque seconde même, est un instant où battent côte à côte l’espoir et la terreur, à pleine mesure, sans doute ce sentiment que l’on appelle « aventure ».
7 – Le Limule
Je vais être franc, je ne connaissais pas du tout ce truc. Une sorte d’hybride de cloporte, de sole en train de s’accoupler avec une tortue, et de machine de guerre de Warhammer. Le gars que j’avais vu balancer des morceaux de maquereaux directement dans la gueule des phoques quelques instants plus tôt passant par là, je l’ai interpellé sur la question et il m’a fait un petit topo sur le « limule ». En France, on ne le trouve plus, à l’état naturel, que dans une seule calanque du côté de Marseille. Au Japon, c’est un mets de choix, ce qui le met en situation d’espèce en voie de disparition. Animal préhistorique, le limule a la caractéristique d’avoir le sang bleu. Sur Wikipédia, vous trouverez son CV sous le petit nom sympa de xiphosura.
8- Le Cleidopus joponicus
L’archétype du poisson qu’on aime bien regarder en famille le nez collé au hublot, pour l’excellente raison qu’il est carrément rigolo. On le surnomme « poisson ananas » (comme on dit dans la zone indopacifique), ou « poisson pomme de pin » (comme on dit dans le département des Landes).
9 – Les squales
Si vous n’entendez pas la musique des « Dents de la Mer » en voyant évoluer les requins le long de la vitre du bassin, vous avez un problème. Pas moi : vous.
10 – La raie
Et enfin, difficile, comme il se doit, dans un pareil classement, de mettre la raie de côté. Oui, c’est une vanne. A ranger, donc, en bas à gauche du bassin des phoques, cf. schéma ci-dessous :
PS : bonus