Le Futures, que nous réserve-t-il ? De moins en moins de nature, de plus en plus de villes. Qu’allons-nous faire ? Qu’allons-nous devenir ?
Dans le MCV Bus, on the H ø R D again. Compte-rendu de tournée perso, for your eyes only.
BORDEAUX – FESTIVAL HORS BORD
Hors Bord festival : cela permet un jeu de mot type Hørd Bord, pas mal.
Il pleut, tout le monde a sorti ses bottes et ses K-Way, ce qui réjouit :
1 – Les escargots
2 – Les fétichistes
3 – Les escargots fétichistes (qui passent vraiment une bonne soirée).
Hyper zarb, le jeune mec en charge de l’accueil des artistes backstage me fait remarquer, après ma deuxième tartine, que je mange « trop de humous », et entreprend de cadenasser les victuailles. Le gazier rentre direct en bonne place des mecs qui se sont trompés de vocation. Peut-être la météo pluvieuse a-t-elle stressé les esprits ?
Super accueil tech, en revanche. Son un peu surprenant avec le piano assez planqué dans le mix (je ne sais pas si on dit le « piano », en fait, c’est mon côté Michel Berger qui ressort. Disons : le clavier qui joue les mélodies). Perso, j’aime assez l’idée que le son soit différent d’un soir sur l’autre, en faisant à chaque fois confiance au mec aux manettes, qui, a priori, est quand même le mieux placé pour donner le meilleur de son système !
Comme je ne suis pas du genre à formaliser pour quelques grammes de purée de pois chiches, je range la participation à ce festival au chapitre des bonnes opérations. On s’est un peu caillés, quand même.
BERLIN – ARENA CLUB
OK, on abandonne Bordeaux Haffen pour traverser la France en diagonale, tel un fou sur un échiquier. On traverse l’Elbe, comme dans un bouquin d’histoire. On fait une étape à l’hôtel, mais suite à un problème logistique personnel, je dois aller dormir à l’arrière du break.
Je dors en positionnant mon corps en forme de L.
Super lieu pour le concert : l’Arena (club), cadre hyper indus dans un complexe alternatif, avec des beergartens tout autour le long de la rivière Spree. Berlin dans toute sa splendeur. Pour dîner, on nous dit : « vous allez manger ce que vous voulez où vous voulez, vous rapportez les reçus et on vous rembourse », ce qui est encore un des systèmes les moins merdiques. On fait péter une énorme assiette falafel. Le service du restau doit être noté environ 1/20 dans la plupart des guides de fooding, mais ils ont une bonne sauce vegan (certes servie d’un air qui veut dire « ‘allez, cassez-vous »).
L’ événement de la soirée s’intitule « DEATH # DISCO » et l’autre groupe live en est High Functioning Flesh (Los Angeles).
Hørd fait a fait danser plein de meufs toutes de noir vêtues.
Le DJ set nocturne est assuré par Antoni Maiovvi, le boss de Giallo Disco Records, qui a sorti l’album de Hørd.
Ce qui est hyper frustrant pour moi au cours de ces tournées, c’est de ne pas pouvoir prendre le temps de faire des visites : à Berlin, j’avais repéré une expo Hundertwasser à la Schloss Britz, mais elle finit en juillet.
On a dormi dans un de ces Airbnb permanents qui sont en fait un des problèmes de Berlin actuellement. D’un point de vue plus personnel, un problème de niveau logistique fait que je pars dormir dans la cuisine. Je m’y endors en positionnant mon corps judicieusement en forme de U entre les pieds de la table.
Le mot de passe du wifi de l’appart est « BerghainTechno2005 ».
PRAGUE – UNDERDOGS
Après une petite pointe à 180 km/h sur l’autobahn, nous voici arrivés à Prague, ville « romantique jusqu’à la douleur ». Je ne sais plus qui avait écrit ça, déjà. Albert Camus, je crois, ou bien Le Guide Du Routard. Je mets mes chaussures de sport et mon short sexy pour faire le tour de Praga Magica au pas de course. Overdose dégueulasse de touristes aux abords du Pont Charles mais quelle joie de longer la Vlatva à grandes foulées.
Le concert a lieu dans un super sous-sol plus ou moins clando dans un quartier un peu désaffecté à l’écart des zones touristiques (dieu merci). On nous sert une super lunch box vegan, et on peut boire un délicieux cidre de poire.
Les organisateurs sont jeunes. Je me dirai, plus tard dans la soirée, en épluchant une banane, et me remémorant mes pérégrinations nocturnes d’après la révolution de Velours, que j’ai, en quelque sorte, connu Prague avant eux. J’ai embrassé une fille à Prague alors que le gars et sa meuf n’étaient pas nés, je suppose. Je repense à ce super poème de Guillaume Apollinaire qui dit : « Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours, et tu recules aussi dans la vie lentement« .
Deuxième concert avec nos colocs de loges du week-end, High Functioning Flesh, farouches ennemis de la synthèse de la vitamine D.
Hørd a un succès chaleureux et déclenche un beau danCZ floor.
Un mec mixe derrière un mur de veilles TV neigeuses, comme pour un des tout premiers shows de Punish Yourself que j’avais vu dans un squat à Toulouse au tout début des 90’s.
Tard, après le show, des organisateurs complètement torchés nous guident jusqu’au 17ème étage d’un immeuble construit dans les années 70 pour le ministère de l’armée tchécoslovaque. Les voitures dorment en bas comme dans une chanson de France Gall et je ne sais plus si le soleil est en train de se coucher ou de se lever.
Gros problème logistique : ma piaule est un bric-à-brac de matériel informatique mais n’a pas de lit. Je positionne mon corps en forme de C entre un moniteur obsolète et une unité centrale périmée et m’endors en rêvant de moutons électriques.
VIENNE – AU
On traverse le Danube. Seb déclare : « Ouais, bon, ça vaut pas la Charente ».
On joue avec des bons gars goths de chez goth. Si jeunes et déjà tellement passionnés par la mort : ils sont bien ces petits !
J’ai le temps (et la chance) de faire un super run d’une heure et demi à travers la ville, ce qui vaut bien une visite en tuk tuk, non ?
On fait le meilleur repas possible dans un restaurant perse où on se sent comme à la maison. Je salue et remercie le patron en allant lui serrant la main sentencieusement, comme un vrai mec. Il est fier.
Au club, tout le monde fume et ça me casse les noix. Mon hoodie pue le cendrier. Les meufs sont canon, mais puent la clope. Je passe une bonne partie de la soirée à mater des sextos stockés dans la mémoire de mon iPhone.
Bel hommage à la culture française, le DJ passe Marcia Baila avant le show de Hørd. Attention louable, merci, mais on aurait tant préféré un morceau de Michel Berger. Je bois de la Frucade, qui est un délicieux Fanta autrichien, en attendant mon moment préféré : cette tranche horaire entre 2:30 et 4:00 du matin où on peut bien prendre le temps de plier les câbles et attendre qu’on nous donne une adresse d’hébergement à rentrer sur Waze.
On dort dans un appartement de dingo dans le centre de Vienne : immense, bohème, baroque, et animalier. Problème logistique personnel : mon nez est enfoncé dans un oreiller qui pue la pisse de chat. Je me réveille sous une tête de tigre. Pour déjeuner, j’ai demandé quelque chose de vegan, on m’a servi un café americano, un kiwi, des betteraves et de l’ail. Seb, lui, est à fond dans la coque :
HASSELT – off
On roule tels des routiers immatriculés en Bosnie-Herzégovine et on passe la nuit à Hasselt, en Belgique, la ville du Pukkelpop. L’hôtel a la meilleure moquette de la tournée : motif bananes.
Hélas, suite à un problème logistique personnel, je dois aller dormir de nouveau à l’arrière du break. Pour voir la vie du bon côté, je m’endors en positionnant ma bite en forme de I.
BRUXELLES – NIKO MATCHA
Le concert se déroule dans une « maison vaudou éphémère », au 183B de la rue de Flandres, avec un des crews les plus organisés qu’on puisse espérer.
Blackmarquis fait péter le DJ set pour bien nous ambiancer.
Les toilettes sont super, avec un grand miroir.
Concert hyper underground de Hørd, au sous-sol, dans une salle à l’odeur de cave bordelaise : ils devraient réfléchir à un programme de jumelage.
On a le temps de goûter quelques bières, et de finaliser ce Top 5 Belgique :
• La Grosse Bertha – Brussels Beer Project
• La Jambe de Bois – Brasserie de la Senne
• La Magma – Brasserie Troubadour
• Guldenberg – Brasserie De Ranke
• Bon Voeux – Brasserie Dupont
On dort chez un couple adorable, dans un appart spacieux des quartiers chic.
PARIS – MAINS D’OEUVRES
Nous faisons une route parfaite jusqu’à Saint-Ouen, ce qui rime avec « coin coin ».
Hørd + Mains d’Oeuvres = Hord’Oeuvres. Bon jeu de mot, hein ?
Hørd, tenebroso comme dans une toile caravagesque, donne un super concert. Au même moment, mon sosie est localisé au Cabaret Sauvage, parc de la Villette, au concert de The Make Up. Chelou, hein ?
Ce n’est pas moi qui ai booké cette date, et dans mon coin (mon coin coin), je ne pose pas de questions, mais c’est typiquement une date « parisienne » pour moi : on ne sait pas qui l’a organisée ; l’accueil est bien fait, mais quelque peu fantomatique ; le groupe de première partie disparaît sans un mot, sans un geste, idem pour le personnel technique, la meuf du bar, etc. Bref, on se retrouve à discuter puis à recharger avec les gars de la sécu et un gonze en costume qu’on n’a pas vu de la journée qui se pointe pour fermer la salle. Toujours surprenant.
On dort au QG du label Anywave, à Paris Intra Muros. Ça enchaîne : une heure ou deux après notre départ, ils accueillent les Ukrainiens Bad News From Cosmos qui entament leur tournée française à La Station le soir même. Meilleure bibliothèque depuis le début de la tournée.
COLOGNE – TSUNAMI CLUB
Après Paris, trois nouvelles dates pour parfaire notre allemand : « Ein Zimmer für zwei bitte und ein vegetarisches Buffet zum Frühstück. Oh ja ich habe meine eigenen Einhorn Kondome gebracht ».
C’est la deuxième fois que j’accompagne Hørd au Tsunami Club, et je repense encore à la poésie d’Apollinaire. C’est le meilleur son de la tournée, avec une restitution de toutes les nuances de la musique de Hørd, et un kick qui tabasse !
Les gens du public crient, dansent, achètent plein de disques et de T-shirts et les filles sont vêtues de noir, comme j’aime.
Pas de problème logistique nocturne, loin de là, et énorme petit déjeuner germanique au réveil. Mots croisés de Die Welt (assez difficiles, quand même, avec des mots comme Weltanschauung en 13 horizontal).
LEIPZIG – WAVE GOTIK TREFFEN
Le Wave Gotik Treffen est un énorme festival. Je me sens dans un reportage de Tracks tourné par l’équipe de production allemande. Les passages pour piétons à l’entrée de la ville sont embouteillés de meufs fringuées en veuves victoriennes qui traversent à la queue-leu-leu, protégeant leur teint blafard du maigre soleil à l’aide d’ombrelles pourpres.
Le concert a lieu aux Altes Stadtbag, les anciens bains municipaux, énorme gymnase à l’architecture massive, construit à la veille de la Première Guerre Mondiale. Mais, ne mentionnons pas la guerre. Il s’agit du plus gros show de ce road trio européen : l’invitation qui a fait qu’une tournée a été construite autour de cette date.
Tout le merch est installé. Il faut payer une patente. Pendant que Seb installe son matos, place aux négociations dans la grande tradition du marché de Saint-Michel 33800 Frankreich : c’est bon, on se serre la paluche et on vendra nos breloques à l’ancienne, net d’impôts. D’ailleurs on vend tout ! Seb était tout nerveux, et a tout donné pendant le live. Plein de fans surgissent de l’antichambre des enfers pour acheter tout ce qu’on a à vendre. Merch = sold out en quelques minutes.
Seb passe l’after show à signer des autographes et à poser pour des photo souvenirs. Pour me faire des thunes au black, j’envisage de communiquer son +33 (0)6 contre quelques Deutsche Mark aux fans transis.
Debrief à l’hôtel. En raison de problèmes logistiques, je passe la nuit dans un placard.
LUCERNE – KLUB KEGELBAHN
On roule comme des champions jusquà
Luzern, que je rebaptiste Saint-Jean-de-Luzern, car j’ai le mal du pays.
On roule parallèlement aux Flixbus le long du trajet pour pouvoir se connecter à leur borne wifi et bosser un peu en ligne pendant le tour, astucieux que nous sommes.
On passe aux environs de Göttingen.
La mousson se déclenche subitement à la seconde où je descends du véhicule pour trouver l’entrée du club (hyper bien planquée, quand même). Je suis trempé en moins de 10 secondes chrono mais bon : on mange des pizzas immenses et le tampon du club représente un pingouin.
La salle à proprement parler est un ancien bowling : tout en longueur ! Assez bonnard.
J’avais un peu peur du DJ set de nos jeunes amis organisateurs mais ils ont enchaîné des sélections parfaites, synthétisant à mon goût l’essentiel de la culture indé depuis les années 80, et en vinyl only s’il vous plaît – et en incluant des trucs pointus, comme des vieux Adolescents, Bad Brains ou Minor Threat.
Super show de hørd, malgré une sorte de déprime d’enchaîner après un concert aussi massif que celui au festival la veille. Le son est hyper puissant en basses, avec des subs au taquet, culture clubbing du mec à l’accueil oblige.
Nuit courte dans un hôtel à l’accueil tout Suisse (alémanique). Pas de problème de logistique : on n’allait quand même s’y mettre à deux pour éclater une meuf de soixante ans à quatre heure du matin ?
Après une courte nuit de sommeil, toilette de chats, départ à jeun et cruise control : ce soir, nous dormirons dans nos pieux à Bordeaux. Et je sais déjà, plaisir personnel, que dans mon lit ce soir, je positionnerai mon corps en forme de E.
Allez, A + dans la Logan MCV !
TOP 10 PLAYLIST VOITURE
GUILLAUME :
John Coltrane – My Favorite Things
Joey Ramone – Don’t Worry About Me
Bernard Lavilliers – On The Road Again
ZZ Top – La Grange
The Knack – My Sharona
Kraftwerk – Autobahn
Otis Redding – Sitting On The Dock Of The Bay
The Rolling Stones – Wild Horses
Ozzy Osbourne – Crazy Train
Pantera – Fuckin Hostile
TOP 10 PLAYLIST VOITURE SEB : 10 DJs electro allemands.
Prochaine date de hørd :
Au Klub (Paris), le vendredi 14 juillet 2017
Infos ici : https://www.facebook.com/events/235852726911834
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