J’ai eu l’occasion aujourd’hui de replonger dans mes archives. L’année 2012, en plus, une de mes préférées (avec 1971, 1989, 2000 et une ou deux autres).
Le groupe Aerôflôt m’avait demandé d’écrire un petit mot suite à la sortie de leur nouvel album « Santa Muerte ». A chaque fois que l’on me demandait « quel est le meilleur groupe de rock à Bordeaux ? », j’avais coutume de répondre : Aerôflôt. Je me demande ce que peut bien branler le groupe en ce moment ? Je leur poserai la question. En attendant, flash back :
Depuis leur premier album, en 2005, on croyait qu’ils prenaient un malin plaisir à chanter en espagnol… C’était en mexicain !
L’équipage d’Aerôflôt a refait le plein de kérosène, juste le temps de disparaître des écrans radar et de poser la carlingue de leur Tupolev à pistons là où les attendait les moins : sur une piste d’atterrissage entre jungle et montagne, sur le terrain-même où sont annoncés les prémices de la fin du monde imminente.
C’est en pleine crise spirituelle que l’on retrouve ces garçons, orchestre de mariachis électro-amplifiés donnant un concert pour la Fête des Morts, directement installés sur un autel à la gloire de Santa Muerte, la diabolique déesse vénérée par les illuminés épileptiques, les mystiques suicidaires, et toute une horde de différents marginaux sociaux.
On ne peut pas dire que ça aille beaucoup mieux du côté de leur stabilité psychologique, entre hallucinations mystiques (« God Is Satan »), rites vaudous musicaux (« Dance Of The Dead »), profanations nocturnes (« Dark Motion ») et appels au secours désespérés (« Me Siento Mal »). Les alcools frelatés et les fumées cérémonielles n’ont sans doute rien arrangé.
Pétrifiés d’angoisse, ces Conquistadores d’un Eldorado en cendres ont quelque peu ralenti le tempo, pour mieux se tourner vers les cieux et y adresser leurs lamentations gorgées de réverbérations et d’échos psychédéliques.
Techniquement enregistré aux studios Amanita par Stephan Krieger, et mixé par Cyrille Gachet (Year Of No Light), « Santa Muerte »d’Aerôflôt est assurément leur album le plus commercial. Au sens du « commerce avec le diable », bien entendu.
Gw.
Crédit photo sous le sanglier : Stefy Drahce