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Mutilator Redux

C’est la vie, mais le mag qui devait publier ma review de Mutilator ne l’a pas finalement retenue (un souci de place, a priori). Je vous la ressers donc ici, pour l’honneur du thrash. L’enregistrement date de 1987, on n’est plus à deux ou trois mois prêt (« Rien ne Bresse », comme on dit dans l’Ain).

Mutilator 1987 - 500

J’avais déjà fait le topo complet sur la story Mutilator/Mutilated pour Noisey : c’est à lire ici (et soyez attentifs, il y aura interro surprise la semaine prochaine).

EP-MUTILATOR

Voici pour la chronique (sachant que le temps de prendre une douche ce matin, et hop, le vinyle était sold out dis donc) :

MUTILATOR
 – Omens Of Dark Fate 
(Triumph Ov Death)
 THRASH DEATH
Après avoir rendu justice au groupe pionnier Mutilated en rééditant son oeuvre intégrale, le micro label Triumph Ov Death fait encore plus fort et réédite la démo du groupe Mutilator – le nom subtil que les thrashers de Bourg-en-Bresse avaient choisi en premier lieu. C’est sous ce nom qu’ils avaient enregistré leur maquette « Omens Of Dark Fate », en 1987, sur le magnéto quatre-pistes d’Alex Colin-Tocquaine du groupe Agressor, chez lui, à Antibes. Repiqués depuis une cassette de l’époque, voilà les titres que propose cette réédition, sous la forme d’un maxi 45 tours simple, direct, et brutal. A peine âgés de vingt ans, les mecs de Mutilator étaient influencés par des bands pointus comme Celtic Frost, Dark Angel, ou Possessed. Dès 1986, ils s’étaient mis à maudire la tournure de Metallica et de Kreator ! En concert, leur répertoire incluait des reprises de « Black Magic » de Slayer, « Stench Of Burning Death » de Repulsion ou « Infernal Death » de Death ! A l’écoute du disque, on se dit que s’ils avaient été interprétés par des groupes américains (ou scandinaves ?), des compos comme « Unholy Church » ou « Wish My Death » auraient été des classiques internationaux. Tous les ingrédients du genre sont présents. Je ne comprends pas pourquoi le Hellfest ne met pas sur place une résidence de création (ou une résidence de destruction, si nécessaire) afin de proposer séance tenante une reformation exceptionnelle de Mutilator/Mutilated ? Rien que le morceau d’intro de cette démo est un monument du genre. Le son est bien entendu à des années-lumières des productions actuelles, et il faut parfois un peu d’imagination pour rendre cette musique totalement carrée et dévastatrice, mais les riffs sont magiques (magie noire, bien entendu). Pour rajouter au concept, le trip « comme en 1987 » de ce disque est assez total : le EP est dédié à Jon « Metalion » Kristiansen, le Norvégien qui faisait le zine Slayer Mag, et l’insert reproduit des interviews de l’époque dans lesquelles Mutilator salue Agressor et indique écouter Loudblast, Death Attack et Nomed ! Les contacts actuels sont remerciés au nom de leur fanzine des années 80, et il n’y a pas le moindre @ ou www, ou quelque référence à ce truc qui s’appelle « internet » . Juste une adresse postale, comme à l’époque du tape-trading florissant. En résumé, si tu te dis « thrasher » et que tu n’as pas la démo de Mutilator de 1986, et qu’en plus tu as raté la réédition vinyle de 2015, alors, là, désolé, on ne peut plus rien faire pour toi: tu as raté ta vie.

MALUS :
Il est toujours possible d’écouter sur YouTube une version de cette démo encodée un soir de grand vent, toutes fenêtres ouvertes. Sensation hélas à des lieues de la tranche de vinyle chroniquée ci-dessus.

 

Même ma cassette d’époque a un meilleur son, bro :

DEMO-MUTILATOR

BONUS :
Lorsque j’avais glané des infos auprès de Ray Of Death, le boss du label Triumph Ov Death, je lui avais demandé son « Top 10 des enregistrements (démos/disques) emblématiques de cette période pionnière du thrash français ». Plutôt que d’envoyer ce classement à Topito, je vous le joins ci-dessous.

MUTILATED « Psychodeath Lunatics »
AGRESSOR « Neverending Destiny »
MASSACRA « Enjoy The Violence »
DEATH POWER « Mixed Rehearsal »
CATACOMB « The Lurker At The Threshold »
SHUD « Beyond The Real »
MERCYLESS « Abject Offerings »
MORSURE « Acceleration Process »
BURIAL VAULT « The Quest Of Afterlife »
SUPURATION « Sultry Obsession »

Je vous laisse youtuber tout ça, les enfants.

UN PEU D’HISTOIRE
Dans la deuxième moitié des années 80, je faisais un fanzine du nom de « Possessed By Speed », avec des mecs du lycée – et c’était un vrai festival de pseudos plus fous les uns que les autres : Docteur Speed ! Bathory ! The Ripper ! En cherchant à capturer une souris qui m’avait réveillée la nuit dernière en furetant dans tout le grenier, j’ai remis la main sur ces chroniques d’époque. Je n’en dis pas plus, le Souffle de l’Histoire respire de Lui-Même :
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Purée je me souviens carrément du moment précis où j’avais décalqué les lettres D.E.M.O.S. J’avais choisi cette typo de Lettraset parce que ça me faisait penser au « Somewhere In Time » d’Iron Maiden.

PBS-arch -500

Bon, allez, je suis chaud, je vous ai aussi scanné l’interview de Mutilator publiée dans Possessed By Speed ! J’espère que la résolution sera suffisante pour que vous puissiez la lire sur votre iPad, techno-thrashers.

MutilatorPBS8-1-500

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Vous remarquerez au passage la reliure à spirales caractéristique du fanzine Possessed By Speed : c’est ma mère qui faisait faire les photocopies au service des tirages de plans dans l’usine où elle bossait. Une fois, le ruban de ma machine à écrire était tellement usé qu’elle avait repassé au feutre tous les caractères d’un article que j’avais fait sur Nuclear Assault (y compris cette citation définitive de Dan Lilker : « l’important n’est pas la longueur de tes cheveux mais ce que tu as dans le coeur« ). Le speed metal, une histoire de famille. Le speed metal, une course de vitesse pour atteindre la moyenne en maths.

APPROFONDIR VOS CONNAISSANCES EN VOYAGE SCOLAIRE

Le Triomphe de la Mort - 500
Si vous voulez admirer le Triomphe de la Mort, par Brueghel l’Ancien, n’hésitez pas à vous rendre au Musée du Prado, à Madrid, cet été. La plage, c’est surfait. Et surtout, n’oubliez pas de thrasher jusqu’à la mort.

PHOTOS
Tel un hippie vivant en autosuffisance, j’ai récup les photos sur mon propre flux Instagram, sauf celle de Mutilator live (à Genève en 1987, avec Alex d’Agressor à la basse) qui est une putain d’archive, mec.