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On the h ø r d again

Trois 

ans après les débuts de son projet, Hørd vient juste de sortir Focus On Light, son premier LP sur le label Giallo Disco (Bristol-Berlin-Vienne).

 

Classe, et raccord, Giallo Disco Records se positionnant comme un bon pourvoyeur de musique synthwave et minimal wave. 

Pas étonnant que ces fans de The Cure, Joy Division, Nine Inch Nails, et même d’EBM aient craqué sur Sébastien Carl, le brun ténébreux de la rue Saint-James (« Sa musique n’a jamais cessé de faire partie du meilleur de tout ce qu’on a toujours pu écouter. Quand on a eu la possibilité de sortir le premier album de cet artiste incroyable, on a sauté sur l’occasion ! »).

A l’exception du 45 tours dont la sortie avait été célébrée à l’I.Boat à l’automne dernier, et de confidentielles sorties en cassette ou apparitions sur des compils, il n’avait publié qu’en format digital, alors ruez-vous sur ce premier long jeu.

Sur Bordeaux, vous pouvez acheter l’album à Total Heaven.

Le reste du monde peut le commander en ligne ici.

Vision négative des oiseaux, humour pince-sans-rire et mélancolie pudiquement planquée sous des tonnes de réverb, j’ai longuement interviewé Sébastien Carl, l’homme de h ø r d.

Un portrait sera publié dans le journal Junkpage (Bordeaux) du mois d’avril, en rubrique Gloire Locale.

32-UNE

L’essentiel de l’entretien est à lire dans le numéro 32 du magazine New Noise (mars/avril 2016), illustré avec une belle photo exclusive : disponible dans tous les marchands de journaux ou en ligne ici.

Vous pourrez lire ci-dessous quelques « bonus » et passages inédits de cet entretien.

HORD-BREME
[Sébastien Carl de h ø r d à l’apéro, naturel et inquiet, le 18/04/2015 dans le squat Spedition de Brême, en Allemagne – ph. Gwardeath]

Quels ont été les retours sur le 45 tours ?

Je n’ai pas eu beaucoup de retours directs. J’ai vu sur les pages des labels que tous les exemplaires blancs étaient partis. Et pour le noir, je crois que ça ce n’est pas trop mal passé.

Ce disque existe donc en deux couleurs ?
On avait fait deux tirages : un blanc et un noir. C’est assez répandu de faire un premier tirage un peu différent en complément du tirage classique de vinyle noir.

Pour Discogs.

Ouais. Voilà. Pour faire un truc un peu plus collector.

HORD-EP-72



Et tu t’es googlé pour voir si tu avais été chroniqué sur le web ?
Grâce à ma page Facebook, je vois quand je suis tagué dans un post, et je vois que le morceau a pas mal été écouté et partagé. Il a aussi été pas mal diffusé sur des petites radios ou des web radios.

Tu dis « le morceau », car tu as eu une logique de single ?

Ce que les gens semblent aimer, c’est qu’il y a une face instrumentale électronique plutôt martiale, « Let Them Burn », et une face très mélodique et très dark, avec le morceau « Speak ». Il est vraiment construit comme un morceau pop, avec du chant, donc on peut parler de single.



Et on le retrouve sur l’album, comme un vrai single.

Oui, mais avec un mixage légèrement différent. J’ai tenu à ce qu’il soit sur l’album. C’est un morceau que j’ai fait sur plusieurs années, et que j’ai finalisé juste avant le single, en fait. Et le morceau de face B reste exclusif au 45 tours.

HORD
[h ø r d instagrammé par Gwardeath à l’Upload (Barcelone) le 22/02/2015]

Tu te verrais sortir un maxi « pour la danse » avec des versions extended, comme dans les années 80 ?
Je ne fais pas une musique très orientée sur la danse, mais bon… Après je ne fais pas une musique plombante, en live, non plus, alors pourquoi pas ! Les gens bougent quand même. Enfin, ils dandinent. On peut imaginer un remix club.

Cela dit, la culture des années 80, elle est bien présente, dans ton imaginaire et dans ta culture…
Bien sûr, oui. Mais pas exclusivement, et beaucoup moins qu’avant. Beaucoup moins qu’avant.

Tu as découvert les années 90 depuis ?

Voilà. Là, j’en suis à 1993. Non, en fait dès que tu fais de la musique avec des synthés, on t’embarque immédiatement sur les années 80. C’est faire peu de cas de tout ce qui s’est passé dans les années 70. J’écoute beaucoup Tangerine Dream, ou Kraftwerk.

 

VOLCAN
[Volcan instagrammé par Gwardeath le 21/02/2015 à l’Upload (Barcelone) avec h ø r d]

Peux-tu nous toucher deux mots du projet Die Ufer que tu mènes avec Greg Vezon de Volcan ?
Ça a commencé l’année dernière, quand un copain commun, Benoît Ménard, a fait une expo à la galerie 5UN7 de Bordeaux, et nous a demandé de faire une perf sonore. On s’est mis à répéter pour travailler un truc à deux, et ça a donné lieu à ce premier live. Sous forme de « performance », donc, car il s’agissait d’une galerie. On s’est constitué un petit répertoire, entièrement basé sur l’impro, tout avec des synthés, sans ordi, sans synchro midi.

Ça s’est bien passé votre dernier live dans une bibliothèque ?

Oui, dans l’auditorium. Ça a vachement plu aux gens, et on a passé un bon moment nous aussi. Je dois dire que c’est un lieu vraiment super, au niveau de l’acoustique et de l’architecture. Greg trouvait que ça ressemblait à ces salles où se tenaient des assemblées à l’époque du bloc soviétique !

C’était en après-midi, aussi, et non pas en nocturne.

C’est bien aussi, comme contexte. Le public est plus attentif. Sobre. Assis dans des fauteuils confortables. La salle était bien chauffée.



Les gens peuvent même dormir…
Je trouve ça bien. Cela veut dire que la musique peut être très contemplative. C’est une musique basée sur des motifs très mélodiques et des boucles rythmiques. Ça se prête bien à ce format-là. Beaucoup plus que devant des gens tout excités, le soir, et tout bourrés.

Ton chant est noyé sous des flots de reverb. Les paroles ont-elles une importance ?

Ça dépend des morceaux. Ce n’est pas primordial. Je n’ai pas trop de règles, mais je n’écris jamais les paroles à l’avance. Plutôt à la fin, sur le déroulé de la mélodie. C’est le dernier instrument que je fais, finalement. Bon, je signe mon album sur un label anglais, mais à aucun moment je n’ai eu un retour sur mes paroles, ou mon accent, ou quoi que ce soit. Je me dis que ça reste musical, et c’est le principal.



Tu as tout enregistré chez toi ?
De A à Z. J’ai tout ce qu’il faut : un ordinateur, une carte son, un micro. J’ai un avantage : je fais de la musique qui passe par des jacks. Je n’ai pas de batterie non plus, mais des boîtes à rythmes. Le seul instrument acoustique que j’enregistre, c’est ma voix.

HORD IPN
[h ø r d instagrammé par Gwardeath à l’IPN (Toulouse) le 21/02/2015]

Dans la vie, tu es vidéaste professionnel ?

Je suis intervenant en audiovisuel. Je fais de l’éducation à l’image. J’anime des ateliers et je donne des cours.

Je te pose la question pour savoir si c’est toi qui signes l’intégralité de tes vidéos, tout simplement ?

Il n’y en a pas eu beaucoup, mais toutes celles qui ont été publiées sont de moi, oui, et je travaille sur les prochaines en ce moment. Je n’apprends rien à personne, mais il est important de sortir des vidéos régulièrement pour communiquer sur sa musique. On n’est plus à l’ère de MTV, les artistes se prennent beaucoup moins la tête avec leur clip qu’avant. Il n’y a moins de contraintes de budget, on peut prendre des morceaux de films directement sur YouTube… Je n’ai pas forcément envie de pomper des images. J’essaie d’en détourner, ou de créer les miennes. Il faut avoir des idées.

Tu as fait des vidéos pour d’autres artistes ?

Un petit peu. Mon premier essai, ça avait été une vidéo pour Mars Red Sky, à l’époque de leur premier album. J’en suis toujours très content. J’avais fait ça en une semaine, sans scénario, juste en les suivant dans la montagne, dans les Bardenas. J’avais filmé tout ce que je pouvais. Mais je dirais que travailler pour d’autres groupes, c’est presque plus simple que de travailler pour soi. Travailler pour soi, c’est travailler sur soi.

 

Tu te souviens de l’interview commune que nous avions faite pour le magazine Noise l’année dernière, avec VvvV, Volcan, AE, Fléau et toi ? D’aucuns avaient fait émerger le concept de « deathfloor »… Ça ne vous avait pas plu, ça hein ? Vous lui avez bien coupé le cou, au deathfloor !


Ouais. Je trouve que ton « contre-article » apportait plus de réflexion, en retournant la chose.

Bon, en fait, ce qui vous a gêné, c’est que vos projets, très différents, aient été mis dans le même panier ? Vous avez refusé que soit créée artificiellement une démarche commune…
Mais ça, c’est un grand classique du journalisme musical, et de la mode en général. J’imagine que pendant le « British Blues Boom » des années 60 certains groupes ne voulaient pas être raccrochés à cette appellation, mais se sont quand même retrouvés étiquettés ! Ou pendant le « grunge » à Seattle, typiquement. Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden sont des groupes qui ont fait des musiques vraiment différentes. Pourtant, remarque, j’étais adolescent, en plein là-dedans, et pour moi, c’était du grunge ! Voilà. Tu reveux un café ?

Non, merci.

EP « Speak »/« Let Them Burn »(Anywave/Stellar Kinematics/Ol’ Dirty Dancin’)

LP « Focus On Light » (Giallo Disco Records)

Si vous êtes sur Paris le vendredi 18 mars, voici l’affiche pour la release party. En avant les bonnes équipes :

18-03-PARIS