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Hellfest 2018, ou la vie avec Skidz a.k.a. Skidou 2000

AVANT-PROPOS

Il doit y avoir un côté hyper pénible quand on bosse pour le festival Hellfest = en gros, de se faire sucer la bite, par pur intérêt, du matin au soir, et encore plus quand la date du festival approche, par toute une armée de quémandeurs et de parasites divers et variés. Ça, ça doit être infernal.

Parmi les parasites les plus virulents de ce festival, les champions sont quand même tous ces mecs qui animent des pauvres chaînes YouTube et qui expliquent à la terre entière ce qu’il faut aller voir et pourquoi, ou, pire encore, ce qu’ils auraient bien aimé pouvoir aller voir s’ils avaient réussi à avoir une place. Je sais qu’ils existent, mais je ne mate jamais leurs vidéos en entier tellement ils m’inspirent de la pitié et de la gêne.

A ce jour j’ai fait 13 éditions du festival Hellfest, et avant ça : 1 Furyfest à Rezé + 2 Furyfest au Mans, avec à chaque fois un compte-rendu et des chroniques pour des magazines, des sites, etc. – et même si je ne me considère pas du tout blasé je me demande toujours comment (et surtout : à quoi bon) rédiger un compte-rendu de ce festival devenu un monstre mutant incontrôlable.

Quand j’avais fait un compte-rendu pour VICE l’année dernière (« Tu connais l’histoire du mec qui vient avec sa chaise de camping au Hellfest ? Elle est pliante »), je m’étais dit : okay, c’est le dernier, maintenant j’arrête. Bon, je vais sans doute faire une petite rallonge cette année, car j’ai dealé un truc, mais à moins de photocopier les mêmes petites astuces à chaque fois je ne vois pas trop comment avoir un oeil un peu nouveau. Pour le moment, dans mon brouillon, j’en suis à des photos légendées par des vers rimés, en alexandrins, façon Victor Hugo dans La Légende des Siècles.

De toute façon, hey, le Hellfest a été passé et repassé à la moulinette médiatique. Pas un journal télévisé qui n’ait eu l’idée de génie d’envoyer une équipe en immersion au Hellfest, ce « Disneyland du metal ».

Le Hellfest se termine à peine que les réseaux sociaux dégorgent déjà : avec tel groupe suivi dans l’enfer du Hellfest par France 3 Pays de la Loire, en live stream sur Arte Concert, en différé avec l’acteur géant Kristian Nairn de Games Of Thrones venu jammer avec Megadeth et interviewer Angry Anderson de Rose Tattoo sur sa pratique des jeux vidéos, en BD pour le journal Le Monde, et tutti quanti, tutti frutti et frottis de cookie. Il ne manque plus que le Hellfest vu par un sculpteur sur glace à la tronçonneuse et ce sera complet.

NB : En insérant des captations vidéo dans ce compte-rendu express, je me rends compte à quel point il est encore plus décalé de tenter de décrire les concerts. Il suffit de mater un peu sur YouTube. Même si d’un autre côté les vidéos aplatissent et neutralisent pas mal l’intensité des souvenirs (et la puissance du son et des sensations) dans le pit. En fin de compte, je préfère autant poster ce bel hommage au Hellfest peint sur des authentiques noix de coco :

HELLFEST COCONUT

PROLOGUE

La veille du festival, histoire de se crécher pas trop loin et de ne pas zapper l’ouverture des portes, avec mon fidèle copilote de l’enfer Skidz a.k.a Skidou 2000, on est allé à Bressuire mater le concert de Burning Heads + Seven Hate. On avait oublié que c’était la fête de la musique, dis donc. Mais c’était mon anniversaire, ce qui a été une bonne façon de le fêter.

Le matin du premier jour de Hellfest, donc, le fidèle Skidz a.k.a Skidou 2000 se réveille et enfile un T-shirt Jodorowski. Ses premiers mots de la journée sont : « voilà qui devrait éveiller bien des consciences aujourd’hui ». Il enfile ensuite son jean et je remarque qu’il ne met pas de slip. « Hey mais tu ne mets pas un slip ? » je lui demande. Il répond : « Pour dormir, oui. Mais pas pour le festival, il fait bien trop chaud ». Après quoi il me demande mon avis sur le black metal finlandais puis celui sur la confiture maison kiwi banane.  Avec Skidz a.k.a Skidou 2000, on a tout fait ensemble pendant cette édition du Hellfest, sauf aller pisser :

SPERMBIRDS
C’était super. N’oublions jamais leur hit « Nothing Is Easy » et cette punch line radicale : « Il n’y a qu’un seul échec, c’est abandonner. Il n’y a qu’une seule défaite, c’est de ne pas essayer de gagner. » Bon, dit comme ça je m’aperçois que ça fait un peu pub pour Nike ou discours de LREM mais je vous certifie que dans le cadre d’un concert des Spermbirds ça passe nickel.

HARD ONS
Keish, au chant, était magnifique. La grande classe. Le contraire de tous ces gros bras poseurs qui pullulent un peu trop.

On s’est vus après le concert et il m’a appris des nouveaux pas de danse ! L’amour est un champ de bataille de coeurs blessés, mec, le savais-tu ?

NB : sur la photo, là, c’est oim avec Keish Da Silva des Hard-Ons, cool. Mate le meilleur photobomb du fest avec Ed de Uncommonmenfrommars qui semble littéralement émerger de mon gobelet de café ah ah !

Keish_Da_Salva_Hard_Ons-Gwardeath_Hellfest_2018

DEJA UN BILAN D’ETAPE
J’ai vu les Spermbirds et les Hard Ons, c’est bon, je me suis dit,  je peux rentrer à Tarnos Plage 40220. Ici à la Warzone les warriors mangent des burgers vegan Sojasun et ils se sont fait des casques avec des moitiés de pastèque. La voilà la France : une armée de végétariens avec des casques en pastèque. On est bien barrés. Avec leurs casques en pastèque, les mecs ressemblent aux martiens dans l’épisode de Bugs Bunny qui se passe sur la Lune. Skidz a.k.a Skidou 2000 nous a préparé du rhum arrangé avec ananas, litchi, papaye, anis étoilé, orchidée sauvage, vanille bourbon, café et psilocybe de Gradignan.

SEVEN HATE
Vus la veille pour mon anniv dans un rade, donc, et là : hyper marrant de les voir sur une scène immense avec des écrans géants qui doivent faire en superficie environ douze fois la taille du bar de la veille ! Ils ont bien enchaîné leurs tubes et se sont clairement positionné dans leur époque 90’s : clin d’oeil à Fugazi et i
mitation de Jacques Chirac au micro.



BURNING HEADS
Très bon concert de ce groupe originaire du Loiret. D’enfer, Rocheteau (comme on dit dans le métier).

EUROPE
Pendant Europe j’ai vu un gars perché dans un arbre. A croire qu’il s’était réfugié là-haut, comme dans La Guerre du Feu.

EUROPE_Hellfest_2018

WATAIN
Dans certains appartements, en banlieue parisienne, pour mieux apprendre à danser le twerk, des jeunes filles lestent un tampon hygiénique avec un fil à plomb. Watain dansent le twerk, lestés de petits animaux morts. Malfaiteurs. Pestilentiels. Sublimant le black metal pour en faire le vaudou de l’Europe. Watain a donné un de mes concerts préférés de tout le festival, que l’on m’empale sur des cornes si je mens.

BODYCOUNT
Blam, ça a attaqué fort avec la double reprise de Slayer Reign In Blood/Post Mortem.
Ice T portait sa casquette L.A., sans doute en hommage à la Loire Atlantique, beau geste. Le concert était cool, malgré le temps passé à présenter femme et enfants.

DEAD CROSS
Comme Ice T, Mike Patton fait monter des enfants sur scène : notre plus jeune fan, la relève, bla bla. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous, ils sont sponsorisés par la CAF ? Reprise des Dead Kennedy’s (comme Napalm Death), intro de Slayer (comme Bodycount) et début de reprise de Faith No More, vite avortée.

LES $HERIFF
C’était bon ce voyage dans le temps. Comme une cuite express. Un shoot d’adolescence. On chantait comme des kids avec le Skidou. C’est sûr je la reconnais entre toutes ! C’est celle qu’il me faut ! Y’a pas de doute ! Les deux doigts dans la prise ! Des $heriff et des lettres !

Les Deux Doigts

EXUMER
ils ont joué un matin et j’ai un peu loupé le début le temps d’arriver. Disons que je n’ai vu que le dernier morceau, et merde. C’est con je suis un fan de leur album Rising From The  Sea. Enfin, je les aurais vus un peu ce matin après quoi j’ai passé mon temps à chanter : « je suis de bonne bonne Exumer ce matin, y’a des matins comme ça ».

MEGADETH
Avec Skidz, nous sommes quand même bien fans de Dave Mustaine et de Megadeth et on se faisait une joie d’aller les revoir. On a fait auparavant une petite pause pour reprendre des forces mais là, un mec nous a parlé de ses recettes de cocktails préférées, c’était interminable, puis il est parti – toujours en explicitant ses recettes de cocktails pour l’été – dans un éloge surréaliste des framboises de chez les surgelés Picard. Pour supporter tout ça, Skidz a roulé un assez gros spliff chargé de weed talençaise assez puissante. On s’est allongé côte à côte avec Skidz, pendant le gars nous parlait toujours. On s’est endormi sur le gazon près de la piscine. Lorsqu’on s’est réveillé, le concert de Megadeth était terminé.

IRON MAIDEN
La grosse crainte, c’était d’assister à ce concert dans des conditions vraiment mauvaises : trop de monde, le son qui tourne à cause du vent, les pieds pris dans une des innombrables chaises de camping des gros Jacky du métal qui viennent au festival équipés après un bon amortissement de leur carte de fidélité à Decathlon, etc. Et là, incroyable : on s’est retrouvé hyper bien placé, juste au sommet d’une petite butte (un peu comme Napoléon à la bataille de Waterloo, mais avec la chance de Wellington), et juste devant une des ces enceintes relai qui balancent le mix à mi-parcours pour arroser les mecs au fond. C’était parfait. A un moment j’ai fermé les yeux (je voulais cacher que je m’étais mis à pleurer) et le son était trop bon. J’avais l’impression d’écouter un disque ! C’est fou à dire mais je crois que ce fut mon meilleur concert de Maiden – et je peux vous jurer que je commence à les avoir vus une paire de fois. Je ne regrette pas d’avoir apporté mon Union Jack ! Holy smoke quel concert ! Je ne sais pas si Steve Harris met ses doigts dans la chatte de sa meuf mais ça doit être quelque chose à la maison. Authentique Supermarine Spitfire sur scène.

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EXODUS
C’est toujours bonnard d’aller (re)-voir Exodus. Bounded By Blood reste un de mes albums préférés de tout l’étang, comme dirait L’Etrange Créature du Lac Noir. J’aime quand le thrash est rapide et brutal, mais là, c’était trop rapide et brutal ! A telle enseigne que j’ai même eu du mal à apprécier les classiques.

TURBONEGRO 
Ça paraîtra incroyable à ceux qui me connaissent et qui connaissent ma story mais voilà : je me suis barré avant la fin. Eh ouais. J’ai du voir le groupe une vingtaine de fois dans ma vie. J’étais allé voir le premier concert avec Tony Sylvester a.k.a. The Duke Of Nothing au chant à Hambourg.  J’étais allé voir son dépucelage à Oslo. Mais là, j’ai trouvé ça dur. Comme ils ont été le dernier groupe à jouer, pas mal de curieux étaient juste là pour s’achever et ils n’ont pas eu de mal à faire la queue-leu-leu sur leurs nouveaux tubes un peu faciles. Ouais, j’ai eu un peu de mal avec la set list. Peut-être une prochaine fois ?

Tony Sylvester a expliqué qu’Iron Maiden avait hésité à la prendre comme chanteur en remplacement de Bruce Dickinson en 1994 (c’était en 1994) mais qu’il a préféré laisser le job à Blaze Bayley, puis il s’est mis à chanter sur l’air de Run To The Hills :  White man came across the sea / to snort some coke and ecstasy. OK, rideau.

HELLFEST STATUES - img.jpg

EPILOGUE

Pendant tout ce Hellfest, j’ai passé mon temps à écouter un message vocal archivé sur mon téléphone portable qui faisait “cacahuète cacahuète”. Skidz m’a demandé : t’es devenu accro à un perroquet ? J’ai répondu : ben ouais.

Même pendant le concert de Maiden, pendant les rares blancs entre les morceaux, j’écoutais ce « cacahuète cacahuète » de perroquet.

Le festival terminé, à peine étais-je rentré chez moi, que, par message électronique, Skidz m’envoyait ceci :

Le petit film bilan officiel posté par les autorités du festival est là et c’est vrai qu’au visionnage on se dit « arf c’était pas mal quand même »… Je pense totalement revenir l’année prochaine. Mon anniversaire tombera pour le J1 du festival ce coup-ci, prévoyez déjà un peu de cashless pour un verre avec moi !

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