Il ne vous aura pas échappé que Thomas VDB est un humoriste donc si je vous dis que son (premier) livre Comedian rhapsodie est drôle, d’entrée de jeu, vous allez me suspecter d’enfoncer quelques portes ouvertes.
J’apporte une précision : je me suis tellement marré que j’ai dû ménager des pauses afin de soulager mes pauvres côtes. C’est mon record de marrade au pieu avec un bouquin depuis les autobiographies débridées de Didier Balducci (Toute une vie de labeur, notamment) et de Paco Escobar (Pachuco Hop) dévorées l’année dernière.
PITCH
Citons l’auteur page 110 : “Les deux seuls métiers qui me faisaient rêver étaient comédien et journaliste (mais dans la musique).” Le livre raconte l’histoire de ces passions assouvies, de l’enfance à l’aube de la quarantaine, construit à la façon d’un vertigineux flashback.
PLAISIR DE LECTURE
J’ai noté avec intérêt les allusions au monde des fanzines : Thomas VDB a été lecteur des publications des fan clubs de Queen ou de The Cult, avant que de lancer Divine, le fanzine français du fan club français de Korn – ce qui fut la clé qui lui permettra d’ouvrir les portes du show-biz, pour reprendre son expression.
“Il y avait des boutiques de photocopies vraiment pas chères juste en face de la fac de Tours, et si ce n’était pas pour éditer mon propre fanzine, je ne voyais pas en quoi elles allaient pouvoir m’être utiles” : quel meilleur condensé de l’esprit du fanzinat de toute une époque ?
J’ai d’ailleurs lu ce livre comme comme on peut lire ces textes personnels que l’on trouve dans les fanzines – me demandant au passage, stupéfait, comment le “grand public” allait se représenter des “personnages” que perso je suis plutôt habitué à croiser dans mon univers, comme Frank (Violence, Punk Rawk, Slow Death…) ou Olivier (Dead Pop Club) ?
On peut aussi en faire une lecture générationnelle, ma foi assez plaisante. J’ai halluciné de cocher pas mal des cases dessinées par VDB : j’ai compilé des morceaux sur des cassettes vierges, j’ai acheté le Grand et le Petit Albert (dans une petite librairie ésotérique) avec mon argent de poche, j’avais commandé par correspondance le premier 45 tours du groupe Concrete Idea, un de mes desserts préférés est la tarte au citron meringuée, je peux enchaîner l’écoute enthousiaste de Bob Azzam et de Minor Threat, je suis abonné au compte Instagram de Shane Embury de Napalm Death, un de mes films préférées de Pierre Richard est Je ne sais rien mais je dirai tout et, croyez-le ou non, au moment de me pointer à mes premiers cours de tennis, ma mère m’avait mis entre les mains une bonne vieille raquette en bois !
AU-DELÀ
Au-delà du rire (cette éternelle politesse de bien des choses), et du fait qu’on peut y lire au moins deux singulières anecdotes impliquant une paire de pantalons, Comedian rhapsodie est un bouquin touchant.
Il prend des tours de véritable leçon sur la passion comme ligne de conduite, le courage (osons le mot) nécessaire pour les choix de vie que cela implique, et donne aussi à réfléchir, en filigrane, sur des sujets qui vont plus loin qu’une vanne entre potes : la valeur travail (intéressante comparaison à établir entre 90% des métiers de l’industrie de la musique et, disons, électromécanicien dans une usine) ou encore les espérances que les parents peuvent placer en leur rejeton, ce grand combat entre inquiétude et fierté.
Comedian rhapsodie, Thomas VDB
Flammarion
384 pages, 20 €